Je ne sais si mes propos doivent entrer dans la rubrique "Témoignages" mais je vous les transmets néanmoins. J'ai pendant de longues années travaillé dans le domaine des explosifs et il ne fait pour moi aucun doute que le nitrate d'ammonium doit être classé dans la catégorie des matériaux explosifs même lorsque il est conditionné sous forme d'"ammonitrate". Il suffit de se souvenir simplement des deux catastrophes intervenues en 1947 à Texas-City (600 morts) et à Brest (20 morts) pour en être convaincu.
Le problème que je souhaite poser ici est donc :
"Comment se fait-il que l'on stocke sans les morceler des quantités aussi importantes d'un matériau que l'on sait explosif ?" La seule question vraiment abordée par la presse est de savoir si l'origine de l'explosion est accidentelle ou due à un attentat. Je ne nie pas l'intérêt de cette question mais ne doit-on pas se demander aussi comment il peut se faire que le fractionnement de cette quantité de nitrate d'ammonium n'ait pas été effectué pour réduire les risques et le périmètre de sécurité. Ce point ne relève-t-il pas de la responsabilité du Chef d'Installation, de son Ingénieur de sécurité ? Et à quoi sert la DRIRE sinon à faire respecter ces précautions élémentaires ?
Ces questions gênent sans doute trop de monde pour qu'on les aborde ouvertement mais elles ont pourtant au moins autant d'importance que le fait de savoir si l'on a ou non affaire à un attentat. D'autant plus que cet aspect des choses devrait intervenir dans le débat concernant l'éloignement des usines par rapport aux habitations car le morcellement permet de réduire considérablement le périmètre de sécurité.
François Boisard
