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 Source : Tout Toulouse (02/01/2002)    Source : Tout Toulouse (02/01/2002)
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Article paru le 02/01/2002 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

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Pôle Chimique : Lionel Jospin entretient l'incertitude


Contrairement à ce qui était attendu, le premier ministre n'a pas fait connaître sa décision quant à l'avenir de la plate-forme chimique du sud toulousain. Il faudra attendre que les experts rendent leur verdict sur les conditions de fabrication du phosgène par la SNPE.

On attendait, non sans impatience, la décision du premier ministre quant à l'avenir du pôle chimique du sud toulousain. Lionel Jospin s'y était engagé. " Je sais que vous attendez une décision rapide : je la prendrai comme je m'y suis engagé, avant la fin de l'année " écrivait-il dans le message aux Toulousains qu'il avait confié à tout Toulouse (tout Toulouse du 28 novembre). La fin de l'année est arrivée et Lionel Jospin s'est effectivement exprimé. Mais, contrairement aux attentes, il n'a pas annoncé de décision. Dans une " tribune " publiée par La Dépêche du Midi le 22 décembre, le chef du gouvernement se limite à livrer les éléments de sa réflexion, réaffirmant seulement les décisions déjà prises, à savoir la suspension des activités d'AZF, de la SNPE et de Tolochimie, et les engagements du gouvernement de garantir désormais une sécurité absolue aux Toulousains.

C'est le principal enseignement de cette intervention écrite du premier ministre : aucune décision n'est prise sur l'avenir de la plateforme chimique, le gouvernement n'a pas encore arrêté ses choix pour que Toulouse ne connaisse plus jamais une catastrophe du type de celle d'AZF. Lionel Jospin justifie cette attitude par " la difficulté du choix " que le gouvernement doit faire, tiraillé qu'il est entre l'aspiration à la sécurité de la population et les réalités économiques et sociales de l'industrie chimique. Chacun cherche évidemment à interpréter la tribune du premier ministre dans le sens qui lui convient (lire les réactions page 16 et 17). Mais force est de reconnaître que nous ne sommes guère avancés. Comme le dit le président de la commission d'enquête parlementaire sur les risques industriels, François Loos, " le premier ministre n'apporte aucune réponse et préfère enfoncer les portes ouvertes que d'annoncer les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de l'industrie " . Le texte publié laisse apparaître néanmoins que Lionel Jospin a choisi une option : celle d'une " reconversion " des activités chimiques " qui n'entraîneraient aucun danger pour la ville ". Reste à déterminer - et c'est bien l'essentiel - quels types d'activité sont compatibles avec le principe de sécurité.

Pour ce qui concerne l'usine AZF, le sort en est semble-t-il jeté. " On a peine à imaginer que l'activité puisse reprendre sur ce site, d'ailleurs en grande partie dévasté " écrit le premier ministre. Même si les choses sont dites avec la retenue qui sied à un chef de gouvernement, même s'il ne s'agit, pour l'instant, que d'une reconduction de la suspension d'activité, on peut considérer que l'usine du groupe TotalFinaElf ne réouvrira pas. Exit AZF par conséquent. Ce qui n'est une surprise pour personne. Reste le cas de la SNPE et de sa filiale Tolochimie, beaucoup plus sensible puisqu'il s'agit là d'un ensemble industriel qui n'a pas failli et dont les installations ont résisté au souffle de l'explosion.

La question de la survie de cette usine tient en un mot : phosgène. La fabrication de ce gaz utile en même temps qu'extrêmement dangereux constitue la production essentielle de la SNPE (75 % de ses activités). Selon le rapport Brunhes sur l'industrie chimique à Toulouse, sans phosgène, l'activité de la SNPE " n'a pas de sens industriel ". La direction de l'entreprise ne dit pas autre chose : sans phosgène, l'usine n'est pas viable. Or, le phosgène est reconnu comme un danger potentiel majeur sur l'agglomération toulousaine, surtout depuis qu'un document de l'Ineris a établi qu'en cas d'accident, des effets " mortels et irréversibles " pouvaient s'étendre sur plusieurs kilomètres à la ronde. L'étude est certes " théorique " dans la mesure où elle ne prend pas en compte les mesures de sécurité de l'entreprise, mais elle identifie un danger bien réel. Si, pour une raison imprévisible, le phosgène échappe au confinement, l'irréversible est au rendez vous. Lionel Jospin en est d'ailleurs convaincu lorsqu'il écrit que " les activités que la SNPE a menées jusqu'ici dans le domaine du phosgène ne peu vent répondre aux nouvelles exigences de sécurité " et que " l e recours à des stocks importants ne peut être accepté ". La SNPE, qui stockait en grande quantité le phosgène qu'elle fabriquait, ne reprendra donc pas ses activités comme avant. Un autre procédé industriel est-il possible ? L'entreprise assure que oui, selon un système " à flux tendu ", c'est à dire en consommant le phosgène au fur et à mesure qu'il est produit pour éviter tout stockage. Le premier ministre n'exclut pas que cela soit possible, à condition que l'entreprise convainque les experts " indépendants " que le système est " vraiment sécurisé " . Comment, par exemple, l'entreprise évitera-t-elle de stocker du chlore - un gaz tout aussi dangereux -, nécessaire à la fabrication du phosgène ?

Lionel Jospin ne s'engage donc pas à maintenir la production de phosgène et, par conséquent, il ne se prononce pas sur la continuation de l'activité de la SNPE. Il laisse la question ouverte. Jusqu'à quand ? Jusqu'à ce que toutes les expertises soient concluantes, c'est à dire pas avant " plusieurs mois ". Entretemps, la France aura voté.

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Le premier ministre ne se prononce pas sur la continuation de la SNPE. Il laisse la question ouverte

Jean-Paul Besset


 Source : Tout Toulouse (02/01/2002)    Source : Tout Toulouse (02/01/2002)

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