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 Source : Tout Toulouse (28/11/2001)    Source : Tout Toulouse (28/11/2001)
[Articles du 28/11/2001] - [ Periode : 11-2001 (256 articles)] - [ Source : Tout Toulouse (78 articles)]

Article paru le 28/11/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

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Débat sur l'avenir du pôle chimique - Jean-Louis Chauzy


Jean-Louis Chauzy " Avant toute décision publique, les collectivités et l'Etat doivent considérer que l'on ne supprime pas des milliers d'emplois d'un coup de clairon "

Deux mois après la catastrophe du 21 septembre 2001 à Toulouse par l'explosion du dépôt de nitrate d'ammonium de l'usine chimique Grande Paroisse et ses conséquences inoubliables (30 morts, 2 241 blessés, des milliers d'appartements détruits, des centaines d'entreprises gravement endommagées) on ne peut s'exprimer sur l'avenir sans penser aux souffrances des familles. A cela s'ajoute l'indignation sur les retards dans les travaux d'urgence à l'égard de ceux que l'on appelle les " sans-fenêtres " et pour lesquels la partie de poker menteur jouée, hélas, par certaines compagnies d'assurances avec les expertises et les contre-expertises est choquante et inadmissible. En demandant qu'il soit mis un terme à ces pratiques et saluant les nouveaux dispositifs et moyens financiers mis en place par l'Etat et les collectivités, il faut aussi préparer l'avenir. L'intérêt de la méthode de réflexion et de débat, proposé à Toulouse par le Premier ministre le 28 septembre, oblige chaque institution, chaque collectivité, chaque citoyen à prendre sa part de réflexion, sa part au débat public.

L'organisation de la conférence régionale doit constituer une aide à la décision, à condition qu'elle se déroule dans un esprit d'écoute, de confrontation et de recherche de solutions conforme à l'intérêt général de tous, de Toulouse et de la région. Ce débat déjà largement entamé sur l'avenir de la plateforme chimique de Toulouse et au-delà des sites industriels à risques doit reposer sur quatre exigences : - ne pas recommencer à produire et fabriquer comme avant le 21 septembre ; - trouver les voies et moyens d'un développement d'une chimie fine, durable, indispensable pour les besoins de la société ; - intégrer dans les propositions les nouvelles exigences légitimes de la société ; - aménager autrement le développement urbain et l'agglomération toulousaine, autour des " sites à risques ".

Ne pas reproduire le passé

Même si les entreprises chimiques de Toulouse Sud, et notamment la société Grande Paroisse, ne sont pas responsables de l'encerclement de leur site par l'urbanisation, et même si les causes de l'explosion de 30 tonnes de nitrate d'ammonium, considéré comme un produit stable, ne sont pas encore connues, il est exclu qu'un redémarrage des activités de telle dimension avec autant de produits stockés, soit envisagé. Il faut donc aujourd'hui, dans plusieurs domaines, rompre avec le passé. Il n'y a pas de société sans économie, sans industrie. En Midi-Pyrénées, le poids de l'industrie chimique représente 6 000 emplois et constitue le quatrième secteur industriel de la région. La société française a besoin des produits issus de cette industrie : produits cosmétiques, pour la production agroalimentaire, les peintures industrielles, des molécules pour l'industrie pharmaceutique, des engrais pour une agriculture raisonnée, celle choisie par le Sud-Ouest. Sur Toulouse 1 100 emplois sont en jeu, plus de 3 000 avec la sous-traitance. L'identification du pôle Enseignement-Formation-Recherche dans la chimie, fait apparaître que Toulouse par ses formations, étudiants, chercheurs, laboratoires représente 4 200 personnes.

Faut-il délocaliser ailleurs ? Chez qui ?

Le débat récent sur la délocalisation serait surprenant alors que chaque mois des collectivités votent des motions, des voeux pour s'opposer aux délocalisations d'activités, aux suppressions d'emplois ou fermetures d'usines. Les réflexions et les moyens doivent porter sur la réduction et la maîtrise du risque, car la chimie, comme d'autres activités, fait partie des activités à risques, même s'il peut y avoir pour certaines fabrications et stockage, une nouvelle offre territoriale. C'est une obligation pour les industriels de repenser l'évolution des produits, la nature des matières premières, les stocks et les conditions de stockage, le renforce ment de la sécurité, la transparence et, également les relations avec leur environnement.

Les exigences légitimes de la société

Après les années de reconstruction de la France et de son économie, les apparitions de nouvelles technologies et le progrès de la science, mais aussi les conséquences néfastes du progrès et l'apparition de nouvelles maladies, les exigences de la société sont plus fortes et légitimes, concernant la qualité et le cadre de vie, le droit à l'information sur les produits et sur ceux qui les produisent. Chacun doit réfléchir à des nouvelles normes en matière de sécurité et de maîtrise du risque et de leur respect par les entreprises. Le contrôle des procédures et la réglementation sont de l'autorité administrative dans un état de droit. Il faut créer une relation nouvelle entre les industries, entre ceux qui y travaillent et qui sont les premiers à avoir des exigences en matière de sécurité, et les habitants, associations, collectivités. La création d'une commission locale d'information sur la sécurité des sites industriels, à l'image de ce qui se fait sur les sites nucléaires, est une nécessité.

Cela doit permettre une meilleure information, une plus grande transparence.

Les leçons devront être tirées dans l'aménagement et le développement de l'aire urbaine de Toulouse promises selon les projections démographiques de l'Insee " L'horizon 2030 " à une progression de 15 000 habitants par an. Les vocations des différentes zones d'activité devront être réfléchies sous le prisme des événements tragiques. L'anticipation coûte moins cher que les réparations. Une vaste réflexion de prospective sur Toulouse 2020 pourrait être lancée, le Conseil économique et social régional y apporterait son concours. Avant toute décision publique, les collectivités et l'Etat doivent considérer que l'on ne supprime pas des milliers d'emplois d'un coup de clairon. La conjoncture économique a changé, le contexte pour le développement de l'industrie aéronautique s'est modifié depuis le 11 septembre, les plans de charge sont revus à la baisse.

Toulouse et son agglomération se placeraient alors dans une spirale dangereuse. C'est l'honneur du Conseil économique et social de cette région d'avoir à temps mis en garde les élus contre le " principe de précaution politique ". Une alternative raisonnable, conforme à l'intérêt général de tous est possible, nous devrons la faire aboutir ensemble pour faire vivre ensemble, dans des conditions nouvelles, l'industrie et la société. " Une alternative raisonnable est possible pour faire vivre ensemble l'industrie et la société "

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Jean-Louis Chauzy est président du Conseil économique et social régional (CESR).


 Source : Tout Toulouse (28/11/2001)    Source : Tout Toulouse (28/11/2001)

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