Retour vers l accueil du site lesnews.org...

 Source : Tout Toulouse (28/11/2001)    Source : Tout Toulouse (28/11/2001)
[Articles du 28/11/2001] - [ Periode : 11-2001 (256 articles)] - [ Source : Tout Toulouse (78 articles)]

Article paru le 28/11/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

Logo Tout Toulouse

Débat sur l'avenir du pôle chimique - Plus jamais ça


Plus jamais ça " C'est la fermeture du site, sa décontamination puis sa reconversion, de même que celle des salariés, qui s'imposent comme symbole de changement fondamental "

Le collectif Plus jamais ça, ni ici ni ailleurs est né au lendemain de l'explosion du 21 septembre, premier grand accident industriel majeur en France. Si le soutien aux sinistrés, direct et par la pression exercée sur les autorités (gouvernement, préfecture, mairie et conseil général), a été son premier réflexe, le second a été d'obtenir la fermeture définitive du site chimique de Toulouse et sa sécurisation immédiate (avec le maintien des salaires et la reconversion des emplois pour toutes les entreprises concernées), de dénoncer les responsables de cette catastrophe (industriels et pouvoirs publics) et d'exiger les réparations matérielles et humaines (incluant la prévention indispensable de traumatismes causés par l'explosion). En deux mois, et après des dizaines d'années de combat de certains de nos membres, nous avons récolté assez d'informations pour pouvoir continuer à affirmer : " Plus jamais ça, ni ici ni ailleurs ". Ces informations ne prendront de valeur que si elles sont diffusées largement, si le public auquel fait référence le " débat public " organisé par les pouvoirs publics s'en empare afin de prendre des positions, des décisions de manière responsable. Un réel débat ne peut s'instaurer qu'à partir de la prise en compte par toutes les composantes de la société de la nécessité d'engager une réflexion de fond suivie d'effets sur l'usage et l'utilité sociale des industries dangereuses pour la population et l'environnement. Et cela ne se fait pas en trois semaines d'appel à contributions !

Les dés sont pipés

Avec l'explosion de l'usine toulousaine AZF, le débat de fond d'intérêt général qu'une partie de la population tente de soulever depuis de nombreuses années est passé sur les devants de la scène médiatique. Poussé par la réaction de l'opinion publique, le gouvernement organise une pseudoconsultation populaire, 27 débats régionaux. En aucun cas le débat ne portera sur la fermeture ou la réouverture de la plateforme chimique du sud toulousain. La décision, arbitraire, sera prise en haut lieu, à Matignon, et son argumentation sera habillée par les résultats régionaux du débat public. À la finale, si l'on lit bien les termes du débat proposé, c'est la mise en place d'une nouvelle réglementation (Toulouse I ou Seveso III) qu'il est prévu de mettre en place, tendant à faire accepter par les citoyens la dure probabilité des catastrophes, uniquement en termes de risques et de sécurité industrielle. La finalité de la production et le coût de la vie ne seront toujours pas pris en compte, et une nouvelle " culture du risque " sera enseignée à tous. Et ceci alors que la directive Seveso I, datant de 1982, n'a même pas été respectée en 20 ans En préambule à toute consultation et en gage d'apaisement, c'est la fermeture du site, sa décontamination puis sa reconversion, de même que celle des salariés qui s'imposent comme symbole de changement fondamental !

En attendant le pire

Le 21 septembre, le pire ne s'est pas produit : les projections de ferraille sont passées à côté des cuves de gaz les plus toxiques de la SNPE, et le souffle de l'explosion s'est en grande partie étiré parallèlement aux usines SNPE et Tolochimie. Un dégagement toxique grave aurait atteint la population, incapable de se confiner dans des habitations éventrées, ainsi que les dizaines de milliers de personnes qui erraient dans la rue, désorientées, livrées à elles-mêmes. Le nuage, dont on ne sait toujours pas de quoi il était véritablement constitué, a libéré dans l'atmosphère des produits toxiques. Quelles en seront les conséquences sur notre santé ? Des incidents ont jalonné les semaines suivantes (fuite de gaz toxique, pollution de la Garonne etc.), et le risque de " sur-accident " a persisté des semaines après l'explosion. Actuellement, il reste encore des milliers de tonnes de nitrate d'ammonium (), plus une trentaine de tonnes de phosgène, et les avions de Blagnac continuent à survoler le site.

Devrons-nous être une population sacrifiée ?

Pendant ce temps, la mise en place de mesures de protection de la population n'est pas prise, de même que l'information qui lui est délivrée est parcellaire et dirigée dans le sens du souhait de réouverture du site. Quand le site fermera définitivement, il ne peut être envisagé de déplacer, délocaliser ce " pire " qui, jusqu'à présent, a été évité à Toulouse. Une sinistrée de 71 ans témoigne après sa visite de la SNPE (Portes ouvertes du 18 novembre) : " J'ai demandé au guide : "Que se serait-il passé si votre usine avait aussi explosé ?" ; il a répondu : "Je ne serais pas là aujourd'hui, ni vous non plus sûrement !" (). J'ai demandé : "Vous savez comme nous tous que le couloir aérien passe à la verticale du pôle chimique. Avez-vous envisagé une catastrophe résultant du crash d'un avion, cela s'est produit, à Gonesse, à New York ?". Réponse du guide : "Depuis les attentats du 11 septembre, il nous faut prendre de nouvelles mesures de protection contre les aéronefs. Les avions, 200 par jour environ, ne sont pas à craindre évidemment" J'ai demandé aussi : "Et tous ces camions qui traversent Toulouse la nuit pour aller à Matabiau et ensuite ces trains remplis de matières dangereuses n'est-ce pas inquiétant ?" Réponse du guide : "Et lorsque vous allez faire le plein à une station-service, vous ne pensez pas que l'essence est venue là toute seule, des camions l'y ont amenée, le danger est partout !" Lors de la réunion plénière du SPPPI, le Préfet a reconnu qu'il avait choisi entre deux solutions : le confinement ou l'évacuation de la ville. Il juge que la moins mauvaise est le confinement, tout en reconnaissant que toute la population n'est pas en mesure de se protéger : nous sommes une population potentiellement sacrifiée en cas de nouvel accident majeur sur le site. Le collectif s'associe aux diverses associations nationales ou locales (comme les comités de quartiers) qui oeuvrent dans le sens d'une réflexion globale visant la réduction des risques industriels.

Les problématiques que nous voulons débattre, après une réelle information, se regroupent en deux grandes thématiques :

1) Appréhender les risques industriels (types et échelles de risques, pour la population, pour l'environnement).

2) Le risque industriel est-il inéluctable ? (est-il un mal nécessaire ?). Les termes du débat doivent inclure la discussion autour de deux choix de vie : le premier, qui nous est imposé, suppose l'acceptation d'une prévention accrue contre une augmentation des risques ; le second exige une diminution du risque par modification du type de production (autre chose ou autrement), impliquant une réorientation des choix économiques en fonction de l'utilité sociale de la production avec reconversion et prise en compte des salariés, et la perspective d'un développement soutenable.

Oui, nous sommes prêts au débat. Oui nous n'en sommes encore qu'au stade du questionnement et à la recherche de solutions, et nous bâtissons solidement notre argumentation. Nous voulons débattre de tout. De l'avenir de l'ensemble du processus qui génère les technologies meurtrières. De l'ensemble des problèmes, des besoins, de la consommation, de la croissance, et de la production nécessaire et utile à tous !

______

Le collectif Plus jamais ça, ni ici, ni ailleurs, créé au lendemain de l'explosion d'AZF, est constitué de militants associatifs, syndicaux et politiques.


 Source : Tout Toulouse (28/11/2001)    Source : Tout Toulouse (28/11/2001)

(Pour rappel, la diffusion d'articles est soumise à des règles strictes. Je vous invite à consulter celles-ci en cliquant directement sur le logo en en-tete de page pour accéder au jounal propriétaire de cet article. En ce qui concerne le site sur lequel vous vous trouvez http://www.lesnews.org, les demandes ont été faites ou sont en cours. Pour plus d'informations, sur le drame de Toulouse, je vous invite également à consulter les articles disponibles ou dossiers sur les sites multimédias de ces journaux, accessibles également en cliquant via le logo du journal assoccié en en-tête)


Retour en haut de l article