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 Source : Tout Toulouse (28/11/2001)    Source : Tout Toulouse (28/11/2001)
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Article paru le 28/11/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

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Débat sur l'avenir du pôle chimique - Martin Malvy


Martin Malvy " Rouvrir le site, à la condition expresse que la complète maîtrise du risque soit démontrée "

La sécurité pour les personnes et les biens passe avant toutes considérations d'ordre économique. Ce principe n'appelle ni dérogations, ni discussion. Quant au risque zéro, il n'existe pas. Il serait vain de chercher à démontrer le contraire. L'avion est plus sûr que la voiture. Mais les catastrophes aériennes font des centaines de morts chaque année. Le problème posé est une fois encore celui de la maîtrise des risques. Le réflexe légitime consistant à éloigner le danger, d'autant plus naturel qu'une catastrophe vient de se produire, ne constitue pas une réponse. Déplacer sans autre forme de procès les industries à risques reviendrait à faire peser la menace sur d'autres citoyens et sur les salariés qui y travaillent, singulièrement oubliés dans cette solution comme ils l'ont parfois été au cours de ces dernières semaines. La théorie séduisante de " l'usine à la campagne " ne résiste pas à l'examen lorsqu'il s'agit de véritables " complexes industriels " qui ne peuvent être isolés d'autres entreprises. Imagine-t-on des sites suffisamment désertiques ! Des villes nouvelles se récréant à distance suffisante !

Ne nous cachons pas la réalité. Le débat ouvert autour de l'avenir du pôle chimique peut déboucher sur sa délocalisation. Mais il y a dans ce cas fort à parier qu'elle s'effectuerait soit sur d'autres plates-formes, déjà existantes, soit hors du territoire national. Le débat auquel nous sommes confrontés est doublement celui de la maîtrise du risque. Qu'il soit individuel ou collectif, la problématique est la même. La première question est simple. La réponse ne l'est pas. Sans tous être " Seveso ", plus de 60 000 sites industriels sont en France considérés comme dangereux. Scientifiques et techniciens, experts sont-ils capables de démontrer que les risques y sont maîtrisables, de proposer les mesures pour les réduire au point de s'approcher du " risque zéro ", et celles qui interdiraient qu'elles que soient les circonstances, la propagation du danger et garantiraient la sécurité dans l'hypothèse où l'accident aurait néanmoins lieu. Quelles technologies doivent être déployées? Quelles matières, quels produits, quelles productions doivent-ils être éliminés pour que la maîtrise du risque soit assurée ? C'est à ces questions qu'il faut répondre. Et si les réponses ne sont pas satisfaisantes, il faudra se résoudre, sauf à en réduire la voilure, à fermer des sites, à Toulouse comme ailleurs.

Si par contre scientifiques, techniciens, experts spécialisés sont en capacité de démontrer et de convaincre - dispositifs reconnus, confinement assuré - toutes hypothèses analysées, qu'accidents ou phénomènes extérieurs, la sécurité des personnes, l'intégrité des biens, peut en toute circonstance être assurée, alors il faudra aussi de la même manière en tirer les conclusions. Encore faut-il - et c'est le second volet du débat sur la maîtrise des risques - que son appréciation ne soit pas laissée à la seule confrontation de l'industriel et des pouvoirs publics. La sécurité de tous concerne tous les citoyens. Le contrôle doit donc s'exercer dans un contexte entièrement renouvelé.

Dès les premiers jours qui ont suivi la catastrophe, j'ai fait le rapprochement entre la catastrophe de Furiani et celle de Toulouse. Après l'effondrement de la tribune en Corse, la réglementation concernant les installations destinées à accueillir le public a été singulièrement renforcée. Pour Toulouse, mais pour partout, il doit y avoir un " après AZF ". La maîtrise du risque " technologique " doit devenir transparente. Des " commissions de prévention du risque " doivent être créées sur chaque site industriel potentiellement dangereux. J'ai entendu Lionel Jospin en faire la proposition ; je l'approuve pleinement. Ces commissions existent sur les sites nucléaires. Elles comprennent des représentants du personnel, des élus, des experts, des associations de protection de l'environnement, des journalistes. L'ensemble des documents liés à la sécurité, le relevé de chaque incident survenant dans l'entreprise, leur sont communiqués. J'ai proposé que nous adaptions ce modèle aux activités économiques à risque. On doit leur reconnaître la personnalité morale, les doter de moyens financiers pour assurer leur indépendance. La transparence s'impose. Le citoyen a le droit de savoir, de dire et d'agir en toute connaissance de cause. Il doit devenir le troisième partenaire de la maîtrise du risque. Le débat public doit constituer la première étape de cette transparence à bâtir. Les pouvoirs publics devront en tenir compte. La suppression pure et simple du pôle chimique aurait des conséquences économiques et en terme d'emplois, considérables. Mais il ne sera possible, tolérable, d'autoriser quelque reprise d'activités que ce soit qu'à la condition expresse que la complète " maîtrise du risque " soit démontrée. Scientifiquement et démocratiquement. " Si la sécurité passe avant toute considération économique, le risque zéro n'existe pas. Il serait vain de chercher à démontrer le contraire "

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Martin Malvy est président (PS) du Conseil régional Midi-Pyrénées


 Source : Tout Toulouse (28/11/2001)    Source : Tout Toulouse (28/11/2001)

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