L'explosion de l'AZF le 21 septembre a détruit l'hôpital Marchand, miraculeusement sans que les dégâts humains soient au niveau de la catastrophe matérielle.
L'évacuation des malades et personnels sur des sites parfois très éloignés de l'agglomération toulousaine pose des problèmes immédiats qui nécessitent des solutions provisoires mieux adaptées que celles trouvées dans l'urgence. Les personnels des secteurs psychiatriques luttent pour imposer des résultats rapides à ces problèmes, mais il nous paraît indispensable de poser dans le même temps des questions essentielles pour l'avenir à courts termes de la psychiatrie publique en Haute-Garonne.
Faut-il reconstruire Marchand ?
La construction de l'asile au milieu du XIX° siècle était un progrès qui a permis de protéger les malades mentaux et de construire une discipline médicale nouvelle qui s'appelle la psychiatrie. Les figures tutélaires d'Etienne Esquirol, Philippe Pinel, Gérard Marchand et Maurice Dide sont à l'entrée de la cour d'honneur pour faire histoire. Mais depuis cette époque pionnière le contexte a totalement changé : les progrès pharmacologiques, la description des pathologies de l'enfermement, l'expansion urbaine et la politique de sectorisation rendent caduc et suranné l'existence d'un très grand asile perdu dans les zones industrielles et mal desservi par les transports en commun.
Comment reconstruire une hospitalisation psychiatrique ?
Au XXI° siècle et dans un tissu urbain comme l'agglomération toulousaine la prise en charge des malades mentaux et plus généralement de ceux dont la souffrance est surtout psychique ne se conçoit que dans une forte liaison avec le médical et le social, c'est à dire avec les structures de soin somatique et avec la ville et ses différents quartiers. Le département de la Haute-Garonne est divisé géographiquement en huit secteurs de psychiatrie adultes et trois secteurs de psychiatrie infanto-juveniles. Ce découpage administratif est aléatoire mais regroupe des unités de population de même taille et l'on peut penser qu'il serait plus pertinent que les hospitalisations soient dorénavant plus prés des terrains de travail des équipes médico-psychologiques. Il ne faut pas reconstruire une grande entité d'hospitalisation pour la psychiatrie publique. L'asile n'a pas besoin d'être horizontal pour être fermé sur lui-même : le danger de regrouper dans l'hôpital Larrey les patients de tous les secteurs de la Haute-Garonne c'est de reproduire Marchand. Il existe dans de d'autres métropoles des asiles verticaux car ce n'est pas uniquement l'architecture qui fait enfermement, c'est aussi la taille de la structure de soin et son repliement sur elle-même. Lorsque l'on sait que la deuxième ville du département, Colomiers, n'a même pas une consultation médico-psychologique digne de ce nom, nous pouvons penser que la catastrophe du 21 septembre doit permettre de ne pas reproduire l'ancien, et de rapprocher les soins psychiatriques, consultations et hospitalisation des gens et de leur lieu de vie ! Par exemple il est indispensable que les urgences psychiatriques soient proches et liées aux urgences somatiques dont le pôle le plus récent est sur le site de Purpan et la solution provisoire actuelle doit être suffisamment bien organisée (avec les lits d'observation et de crise indispensables) pour être à terme évalué. A partir de ces idées mises ici en discussion inventons les solutions nouvelles que l'explosion du 21 septembre nous oblige à penser, et imposons les aux assureurs et aux tutelles.
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Francis Saint-Dizier est médecin et anthropologue. Plutôt qu'un seul grand asile, il vaudrait mieux rapprocher les soins des gens
Francis Saint-Dizier
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