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 Source : Tout Toulouse (07/10/2001)    Source : Tout Toulouse (07/10/2001)
[Articles du 07/10/2001] - [ Periode : 10-2001 (334 articles)] - [ Source : Tout Toulouse (78 articles)]

Article paru le 07/10/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

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Comment l'Université du Mirail s'est relevée de ses ruines - Suite


" C'est là qu'on a commencé à réaliser que nous étions sinistrés, précise Daniel Douyau. Mais nous n'allions pas laisser tomber notre outil de travail ". Mélange détonnant de détermination et de bluff, Rémy Pech lance alors un coup de poker : décider la reconstruction, prévoir la réouverture sur le campus même, sans être sûr d'en avoir vraiment les moyens. " L'aide des anciens présidents a été précieuse, raconte-t-il. Georges Mailhos, Romain Gaignard sont des hommes d'expérience qui savent à quelle porte frapper ". Et puis il y a les relations personnelles. Le Premier ministre, Lionel Jospin est un ami de trente ans. Une photo d'époque en témoigne dans le bureau du président.

Trois jours plus tard, le Premier ministre est à Toulouse pour présenter son plan d'aide à la ville. Le soir, il vient au Mirail, en ami. Il voit et il donne. Près de 150 millions de francs pour les travaux d'urgence, pour l'administration, les salles de cours et les préfabriqués. Puis 150 autres millions de francs à venir. La remise en état sollicite vingt entreprises et 150 ouvriers, sans compter ceux de l'université, infatigables hommes de l'ombre. Elle débute dans les vieux bâtiments Candilis, finalement les plus solides. Béatrice Jean, coordinatrice au Ciam, déménage plusieurs fois avec ses cartons. " Il nous a semblé important d'être là très rapidement et de chercher des solutions " explique-t-elle. Comme elle, chacun cherche une place, choisissant au mieux l'emplacement de son service et de ses bureaux. L'essentiel est d'être là, de ne pas baisser les bras face à la catastrophe. Au sein de l'université, le climat reste néanmoins tendu. Les étudiants, qui ne peuvent pas entrer sur le campus, sont déboussolés. Leur seul contact passe par le site web de l'université. Certains cherchent à s'inscrire ailleurs. " D'ordinaire, nous avons 1 100 inscrits en modules sport , explique Jacques Lasbats. Au mieux, nous en aurons 600 cette année " L'assemblée générale du personnel et le premier rapport d'un cabinet d'experts n'ont pas rassuré. " Nous avons dû faire intervenir un nouveau cabinet et une autre expertise, surtout pour rassurer le personnel " précise Michel Idrac à la présidence.

L'ombre d'AZF plane toujours sur l'université. En témoigne la cellule de soutien psychologique qui voit défiler toute la panoplie des symptômes post traumatiques : stress, insomnie, cauchemar, désorientation, psychose. Un mois et demi après l'explosion, " nous recevons encore quatre à cinq personnes par jour " explique Valérie Igier. Certains chercheurs, forcés de quitter leurs bureaux, sont hébergés par des collègues d'autres universités. Pour eux, au delà du choc, l'exil est douloureux. Dans la maison de la recherche, Marie-Christine Jaillet se souvient que, petite, elle avait déjà connu une catastrophe presque similaire, celle de Feyzin dans le couloir chimique lyonnais. " Je me souviens de la peur de l'époque. Quand nous avons évacué, je l'ai revécue comme un flash. " Pour elle, c'est sûr, rien ne sera comme avant. " Ce ne sera pas une année comme une autre, mais il y aura peut-être des bénéfices. Peut-être aura-t-on appris à travailler autrement au sein même de l'université. "

Après le silence, le brouhaha. C'est ce qui attend l'université avec la marée étudiante qui va déferler dans ses ruelles. Sauf imprévu, l'université rouvre lundi 12 novembre. Moins de deux mois après le cataclysme qui a failli la mettre à terre. Il aura finalement fallu la volonté et la détermination d'une poignée d'hommes et de femmes pour vaincre l'adversité. La rentrée se fait avec un mois de retard avec un calendrier aménagé. Qu'y a gagné l'université ? Un bon lifting et probablement un peu d'humanité retrouvée. Il lui faut cependant vivre désormais avec quelques béquilles qu'elle devra garder jusqu'en 2010. Des conditions qui ne l'aideront pas dans l'impitoyable course aux enseignements et à la recherche à laquelle se livrent les universités. La rentrée est là, la reconstruction bien entamée. La communauté de l'université du Mirail a, dans l'épreuve, montré qu'elle pouvait continuer le combat.

Martin Venzal


 Source : Tout Toulouse (07/10/2001)    Source : Tout Toulouse (07/10/2001)

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