Interdit de photographier. Les consignes de la Société Nationale des Poudres et Explosifs (SNPE) sont strictes pour les militants associatifs du collectif Plus Jamais ça, invités à visiter l'usine toulousaine du groupe et ses filiales, Tolochimie et Isochem. Ils sont cinq (lire ci-dessous) à se présenter, mardi 23 octobre à 10 heures du matin, devant l'entrée du site, au bout du chemin de la Loge. Parmi eux, Jean-Pierre Bataille, l'infatigable animateur de la commission sécurité-environnement du collectif, qui ne sépare jamais de son petit appareil photo numérique. Cette fois, c'est lui qui sera photographié. La SNPE a en effet demandé à un photographe " maison " de suivre la visite.
" Il nous a énormément pris en photo, alors qu'on voulait des clichés des installations " raconte Alain Marcon, le maçon qui s'est glissé dans le groupe à la demande du collectif pour bénéficier de l'oeil avisé d'un professionnel du bâtiment. " Il nous a surtout photographié avec le directeur de l'usine " ajoute Dominique Gilbon, des Amis de la Terre. " Ca faisait presque "photo-souvenir" " commente Henri Farreny, ancien élu écologiste de Ramonville, qui a essayé tant qu'il a pu de se tenir en retrait de l'objectif. Quatre jours plus tôt, Jean-Pierre Bataille avait pourtant pu " mitrailler " tout son saoul l'usine dévastée d'AZF-Grande Paroisse. L'entreprise du groupe TotalFinaElf est la première à avoir accepté de recevoir, sur son terrain, ces gens dérangeants qui demandent la fermeture définitive des usines.
Cette première visite, effectuée le vendredi 19 octobre, s'est déroulée sans encombres. La direction avait toutefois prévenu les visiteurs associatifs qu'ils ne seraient pas forcément les bienvenus auprès du personnel, qui craint d'être acculé au chômage par leur faute. " Menace de lâcher des "pitbulls" salariés " note le compte-rendu des visiteurs, qui souligne surtout une " impression générale d'indifférence ".
Pierre Labeyrie, membre des Verts, se souvient de ces cadres du secteur informatique qui prêtaient main forte aux ouvriers en bleus de travail pour balayer les stocks d'ammonitrates et les remettre en sac afin de les revendre. Sachant que des fibres d'amiante ont été dispersées sur le site après l'explosion, le militant écologiste s'inquiète pour la santé de ces salariés travaillant sans protection. " Pourquoi n'embauchez-vous pas des spécialistes ? " suggère-t-il à Serge Biechlin, le directeur de l'usine AZF. Un comble pour quelqu'un suspecté de vouloir supprimer des emplois !
Stéphane Thépot
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