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 Source : La Depeche (07/10/2001)    Source : Tout Toulouse (07/10/2001)
[Articles du 07/10/2001] - [ Periode : 10-2001 (334 articles)] - [ Source : Tout Toulouse (78 articles)]

Article paru le 07/10/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

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Comment l'Université du Mirail s'est relevée de ses ruines


Photo © Tout Toulouse L'Université du Mirail était donnée pour morte, le 21 septembre, après l'explosion d'AZF. Le 12 novembre, elle rouvre ses portes à ses milliers d'étudiants. Entre temps, des hommes et des femmes se sont retroussé les manches. Pour refuser une fermeture qui était donnée pour inéluctable.

C'est d'abord le silence qui frappe, dans les bureaux abandonnés en toute hâte, avec encore des gobelets sur les coins de table et des notes à peine froissées. Le vent d'autan s'engouffre dans les larges ruelles de l'université, tourbillonnant au milieu des feuilles mortes, faisant claquer les drapeaux de l'Arche. Puis un homme apparaît, puis deux. Ce ne sont pas des étudiants. Ils sont en bleu de travail. Cachée par une Arche devenue voûtée, l'université du Mirail panse ses plaies. Qui pourrait croire que bientôt, les marteaux et les truelles vont laisser place aux cartables et aux stylos ?

Qui pouvait l'imaginer au lendemain du 21 septembre, ce funeste jour où le Mirail est devenu une université fantôme ? Moins d'un mois et demi après, ce sont pourtant des milliers de personnes, étudiants, enseignants, chercheurs ou personnels, qui vont pouvoir reprendre le travail.

L'université du Mirail, malgré ses trente ans, est déjà une vieille dame. Comme tous les ans, en septembre, elle se prépare à accueillir ses milliers d'étudiants - une véritable petite ville - et se trouve alors en pleine effervescence. Les emplois du temps sont faits, les derniers examens presque achevés. Vendredi 21 septembre, tous ses directeurs, tous ses responsables sont partis à Aspet avec le président Rémy Pech pour un séminaire de rentrée.

L'équipe du Centre d'initiatives artistiques du Mirail, installée récemment dans l'Arche, très endommagée, re-déménage ses cartons dans les vieux bâtiments Candilis. A quelques centaines de mètres de là, l'explosion d'AZF balaie dans un souffle une bonne partie de la ville. La vieille dame accuse sévèrement le choc. De l'autre côté du patio central, une secrétaire observe médusée l'Arche en train de bouger sous l'onde de choc. Les vitres éclatent. Plusieurs murs de briques, habitués aux graffitis, se gonflent comme de vulgaires bulles de savon. Le bâtiment d'histoire et tous les bâtiments construits ces dernières années, l'Arche, la Maison de la recherche, les Pétales subissent les plus gros dégâts.

Si les étudiants, ce jour là, ne sont pas encore rentrés, il y a sur le site plusieurs milliers de personnes. Toutes cherchent à fuir. Daniel Mons est lui aussi au travail quand l'explosion survient. Rien ne prédestinait le chef de l'imprimerie à organiser l'évacuation. Rien, sauf peut-être son passé d'officier réserviste dans la gendarmerie, préparé aux situations de crise. " Sur le patio central, les gens hurlaient, d'autres étaient hagards, raconte-t-il. J'ai croisé le responsable de la sécurité, pris quelques agents avec moi et nous avons fait évacuer tout le secteur ". Quelques minutes plus tard, on le retrou ve gaillard à la sortie du campus, en train de permettre aux voitures de fuir et aux secours d'entrer. " Durant tout ce temps, j'avais les yeux rivés sur le nuage qui s'échappait d'AZF ".

Nous sommes l'après-midi du 21 septembre. Et la vieille dame joue son avenir. Il est 14 h. Rémy Pech, revenu en catastrophe d'Aspet, découvre l'ampleur des dégâts : " Il y avait des mouchoirs en papier sanguinolents sur le sol. Nous avons tout de suite pris des nouvelles des blessés ". Tandis qu'au sous-sol, les électriciens contrôlent déjà les installations et que le personnel technique sécurise les points sensibles, au premier étage, au milieu des bris de verre, les interrogations fusent. " De toute façon, nous devrons faire la rentrée, dit un responsable. Mais où maintenant ? ". Rémy Pech a décidé de dormir dans son bureau. " Peut-être pour faire corps avec cette université qui m'a tant apportée. " Il marque une pause. Sourit. " Et puis ça m'a permis de casser la croûte avec les équipes de sécurité et d'offrir le café du matin aux CRS ".

Tôt le samedi, une petite délégation se rend sur les lieux. Jésus Aguila, pas encore chargé de la communication de cri se, se souvient : " Nous étions vraiment terrorisés. Tout le monde voyait des fissures partout. Et quand on m'a dit qu'il fallait raser la fac, je l'ai cru ". La question n'est pas encore posée mais déjà la rumeur s'installe. Un responsable technique plaisante avec une enseignante et lance : " Ce coup ci, on la rase ! " Quelques jours plus tard, une télévision transforme la rumeur en information. C'était enterrer la vieille dame un peu vite. Entre temps, en effet, l'incroyable détermination du président, relayée par plusieurs chefs de service, permet de mettre en branle un véritable rouleau compresseur et réparateur. Dès le lundi 24 septembre, le campus est fermé aux étudiants et seule une poignée de membres du personnel, inscrits sur une liste, peut y accéder.

Les discussions commencent. Les travaux aussi. Daniel Douyau, agent de sécurité incendie, remarque la solidarité qui se met en place : " Beaucoup de personnels des autres services et même des collègues à la retraite sont venus donner un coup de main ". Des enseignants s'installent devant l'université, accueillant les étudiants et relayant la terrible conclusion du moment : " L'université est fermée jusqu'à nouvel ordre ".

ph. J.-C. Sannicolas


 Source : La Depeche (07/10/2001)    Source : Tout Toulouse (07/10/2001)

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