Dons, gestes spontanés, fonds d'urgence... Les bonnes volontés se mobilisent et les aides se mettent en place dans la Ville rose qui, face à un lourd bilan matériel, songe déjà à la reconstruction
Hier, Toulouse s'est recueilli pour rendre hommage aux vingt-neuf personnes qui ont perdu la vie suite à l'explosion, vendredi, de l'usine pétrochimique de Grande Paroisse. Mais, dans le même temps, la réalité a obligé les autorités politiques à prendre une série de mesures pour faire face à l'urgence exigée par les centaines de sans-abri et autres sinistrés.
Le premier bilan de la catastrophe est effarant. Philippe Douste-Blazy, maire de Toulouse, a avancé un premier devis « supérieur à 5 milliards de francs ». Ce chiffrage des dégâts, lui-même le dit, est aléatoire. Chaque jour amène son lot de constats navrants. Derrière les dégâts visibles, la ville a subi des lésions qui échappent au regard. Des immeubles ont bougé, des ponts peut-être, dont la fragilité a été ébranlée.
Les aides directes affluent. Les bonnes volontés individuelles s'ajoutent aux gestes venus des entreprises (comme Carrefour ou Airbus), ou des institutions, comme le Conseil régional d'Aquitaine, qui a adressé 500 000 francs « de premier secours ». Impossible de comptabiliser tous ces gestes spontanés qui, d'ores et déjà, se sont traduits par une réalité tangible pour des centaines de familles. La Caisse d'allocations familiales a été chargée de redistribuer hier 52 millions de francs déjà versés par l'Etat, la mairie, les Conseils régional et général... Dès hier, les familles des quartiers les plus touchés par le sinistre ont pu solliciter une première aide. A raison de 2 000 francs pour une personne seule, 3 000 francs pour un couple ou un parent isolé, et de 500 francs par enfant, cette première série de dons devrait permettre de soutenir, un temps, des personnes qui ont tout perdu dans cette catastrophe.
Une première estimation fixe à plus de 10 000 le nombre de logements touchés par la catastrophe. Les infrastructures publiques ont également été touchées, comme le Stadium de Toulouse, le Zénith, plusieurs salles de sport ou de spectacle... Une grosse partie de la note colossale qui s'annonce devrait être adressée aux assurances AGF, principal assureur de l'entreprise à l'origine des dégâts.
AVANT LES PREMIERS FROIDS
Le Conseil régional, pour sa part, a débloqué 400 millions de francs (lire par ailleurs) pour engager sans attendre une éventuelle indemnisation des travaux dans les lycées et cités universitaires touchés, pour aider les entreprises dont la marche a été arrêtée ou freinée. Demain, le premier ministre devrait faire connaître le montant de l'enveloppe que l'Etat adressera à la ville.
Mais, par ailleurs, des gestes de soutien affluent, des oboles certes dans cet océan de besoins, mais Toulouse ne compte plus ces gestes d'amitié qui resteront anonymes : ici un loto, là un concours de pétanque, ou un spectacle au profit des sinistrés. Les avocats, les artisans, des médecins bien sûr, et encore des anonymes mettent leurs compétences à disposition. France 2 aussi organise samedi soir une émission « Spécial Toulouse », animée par Patrick Sébastien et Michel Drucker, dans le but de recueillir des dons.
Tous ces élans sont canalisés par des associations caritatives, comme le Secours populaire, ou la Croix-Rouge pour ne citer qu'eux qui oeuvrent aussi bien sur le terrain. Les Toulousains n'ont toutefois pas attendu pour se mettre au travail. La reconstruction a déjà commencé, les vitriers menacent d'être en rupture de stock et, pour certains autres matériaux de bâtiment, comme le bois, la pénurie guette. « Il va falloir aller vite à l'essentiel avant les premiers froids », évaluait un technicien du bâtiment.
PHILIPPE MOTTA
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