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 Source : La Depeche (26/09/2002)    Source : Liberation (30/09/2002)
[Articles du 30/09/2002] - [ Periode : 09-2002 (79 articles)] - [ Source : Liberation (39 articles)]

Article paru le 30/09/2002 - Cet article est la propriété du journal ou société : Liberation

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«Plus de 10 000 installations à problèmes»


Philippe Vesseron, directeur de la prévention de la pollution et des risques du ministère de l'Ecologie et du Développement durable, a été en charge du dossier AZF après l'explosion du 21 septembre 2001. Un an après, il revient sur cette catastrophe.

Est-ce que vous avez une vision claire de ce qui s'est passé ?

Il y a une certitude : l'explosion du stockage de 300 tonnes d'ammonitrates non conformes aux spécifications des engrais. Mais pourquoi ? L'enquête judiciaire, celle de Total Fina Elf et celle de l'Inspection générale de l'environnement ont recherché la cause de cette explosion, mais sans aboutir à ce jour. Il me semble que la plupart des réflexions s'orientent aujourd'hui vers des causes internes, comme une erreur de manipulation ou un déclenchement accidentel, et non pas vers un acte de malveillance. Ces enquêtes sont extrêmement difficiles : on identifie bien le siège de l'explosion à l'endroit où se trouvaient les 300 tonnes d'ammonitrates mais l'explosion a détruit la plupart des indices visuels. Je ne suis pas certain qu'au terme des enquêtes on arrivera à un scénario unique.

Après la marée noire de l'«Erika», l'Europe a renforcé sa sécurité maritime. Quelles leçons après AZF ?

En matière de risques industriels, le droit européen était déjà très sophistiqué et la directive Seveso II venait d'entrer en vigueur. Le travail difficile qui est devant nous est d'appliquer correctement ce qui concerne d'une part les usines nouvelles, d'autre part les établissements existants. Ce qui me frappe est que tous les autres pays ont été d'accord avec nous pour faire très rapidement ce qu'il fallait : dès le 25 juin 2002, les quinze ministres de l'Environnement ont décidé à l'unanimité que la directive Seveso s'appliquerait dorénavant aux stockages d'ammonitrates non conformes à partir d'un seuil de 10 tonnes. Il reste à finaliser le dialogue avec le Parlement européen, le Conseil des ministres, mais cela va aller très vite à partir de maintenant. Je pense que ce sera fait en octobre.

Avez-vous relevé de graves déficiences dans d'autres sites ?

Je suis certain que la situation s'est vraiment améliorée dans beaucoup d'entreprises, même si nous sommes très loin d'avoir fait le tour de tous les problèmes. Les entreprises et les pouvoirs publics se sont d'abord mobilisés sur les stockages d'engrais et de nitrate d'ammonium. Sur 430 sites contrôlés, 25 présentaient des risques nécessitant des actions urgentes. 11 d'entre eux ont fait l'objet de mesures de suspension d'activité. Il fallait ensuite vérifier les usines relevant de la directive Seveso : sur les 1 250 établissements, 670 sont classés «seuil haut».

Nous avons demandé que les études de danger soient revues et réactualisées. Hormis une dizaine de cas, qui ont pu aller jusqu'au contentieux administratif, nous avons obtenu satisfaction et la quasi-totalité des études a été remise. Il y a des améliorations à apporter, dans ce que j'appelle la «réduction à la source» : le but est de réduire d'une part la probabilité, d'autre part les conséquences des différents scénarios d'accident, quelle qu'en soit l'origine. Nous demandons que les études de danger remises par les entreprises fassent l'objet de contre-expertises extérieures par des organismes comme l'Iberis, l'IRSN ou les Néerlandais de TNO. Cent quarante de ces contre-expertises sont en cours.

Et les autres installations à problèmes ?

Nous avons décidé que ces contre-expertises devaient devenir la règle générale pour toutes les installations Seveso nouvelles et pour leurs extensions importantes. C'est fondamental pour que chacun, les Drire (1), les élus, le public, puisse former son jugement. Mais il n'y a pas que les installations Seveso : nous appliquons maintenant la même démarche pour la réduction des risques des quelque 10 000 installations qui posent des problèmes d'incendie, d'explosion, de rejets toxiques accidentels ou chroniques.

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(1) Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement.

Mathieu ECOIFFIER


 Source : La Depeche (26/09/2002)    Source : Liberation (30/09/2002)

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