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 Source : La Depeche (19/09/2002)    Source : Sud Ouest (20/09/2002)
[Articles du 20/09/2002] - [ Periode : 09-2002 (73 articles)] - [ Source : Liberation (36 articles)]

Article paru le 20/09/2002 - Cet article est la propriété du journal ou société : Liberation

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L'émotion toujours vive un an après l'explosion de l'usine AZF


Un an jour pour jour après la catastrophe d'AZF, les habitants de Toulouse rendent hommage samedi aux victimes de l'explosion de l'usine chimique qui a fait 30 morts et des milliers de sinistrés.

Dans une ville encore très éprouvée, les habitants peinent à retrouver la solidarité qui avait suivi le drame et plusieurs cérémonies séparées marqueront cette commémoration.

Une partie d'entre eux devraient se retrouver à 10h17, à l'heure même de la déflagration, devant les grilles de l'usine AZF aujourd'hui en ruine. Ils sont invités à porter un ruban blanc à la boutonnière à la mémoire des victimes.

Filiale du groupe TotalFinaElf, l'usine chimique fabriquait des dérivés phosphatés et chlorés destinés à l'industrie ou à l'agriculture. Elle avait été classée "Seveso 2", classement impliquant des contraintes techniques de sécurité. L'émotion reste vive dans la "Ville rose" qui a beaucoup de mal à se remettre économiquement et psychologiquement de ce drame.

Sur le plan humain, le bilan définitif de la préfecture de région fait état de 30 morts, dont 28 directement après l'explosion, et de 8.042 personnes médicalement touchées, dont 2.242 ont été soignées en milieu hospitalier le jour même du drame. 782 d'entre elles, dont 30 dans un état grave, ont été maintenues plus longtemps en milieu hospitalier. Le comité de suivi épidémiologique mis en place à Toulouse a recensé de nombreuses séquelles collectives, psychologiques mais aussi sanitaires.

Ses rapports font état d'une surconsommation locale d'anxiolytiques et d'une proportion "anormale" de troubles auditifs. L'évaluation des conséquences économiques, toujours provisoire, est également impressionnante. "Nous estimons les dommages, concernant entre 70.000 et 80.000 sinistrés, à près d'un milliard et demi d'euros. Nous avons déjà versé 90 millions d'euros pour 80% des dossiers qui nous concernent", souligne Denis Kessler, président de la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA).

L'effort financier de reconstruction est estimé à 2,3 milliards d'euros, selon les experts mandatés par la ville de Toulouse. Ce chiffre englobe notamment la reconstruction d'environ 30.000 logements du parc privé ou public mais aussi plusieurs sites et bâtiments industriels ou administratifs, des hôpitaux, dont une structure psychiatrique totalement détruite. Une université polytechnique, deux lycées et 79 écoles ont été plus ou moins gravement endommagés.

HUIT DEPARTS DE BILAN

Les deux fleurons festifs de la ville, le Stadium et le Zénith, ont été également touchés et ne rouvriront pas à pleine capacité avant 2003. A cela s'ajoutent les pertes d'exploitation enregistrées par 1.300 PME. Depuis l'explosion, huit d'entre elles, situées aux abords de l'usine, ont déposé leur bilan. A la suite de cette explosion, l'usine AZF a été définitivement arrêtée sur décision du président de TotalFinaElf, Thierry Desmarest. Quatre autres usines du site chimique toulousain, la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE), Raisio, Isochem et Tolochimie, ont dû réduire leur champ d'activités industrielles sur décision préfectorale.

Les autorités ont en effet décidé d'interdire localement la fabrication, le stockage ou l'utilisation du gaz phosgène. La mise en sommeil du site chimique a provoqué la disparition de près de 1.600 emplois directs. Jean-Louis Chausy, président du Conseil économique et social régional (CESR) de Toulouse, juge cette mise en sommeil immature sur le plan politique.

"Cette décision, éminemment politique, a été prise sous couvert de recherche d'une industrie propre autour de laquelle on entretient le flou artistique. On table sur 3.000 suppressions d'emplois. Nous sommes confrontés à des comportements politiques immatures", dit-il.

Opposé dès le lendemain du drame à la reprise d'activités économiques liés au phosgène, le maire UMP de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, préfère évoquer la "naissance d'un nouveau pôle de chimie légère, lié à des activités pharmaceutiques ou à la biotechnologie, par exemple". Inquiets pour leur emploi, les salariés du pôle chimique dévasté ont manifesté presque quotidiennement dans la ville pour alerter les pouvoirs publics. A plusieurs reprises, leurs défilés ont croisé ceux des sinistrés regroupés au sein de plusieurs associations, comme "Plus jamais ça" et le "Comité des sans-fenêtres", dont le nom évoque la situation de plusieurs centaines d'habitants des quartiers dévastés.

Quatre mois après le drame, leurs fenêtres n'avaient toujours pas été remplacées alors qu'un froid rigoureux sévissait dans la région. Ces mouvements d'exaspération ont été entretenus par les polémiques sur les causes de l'explosion, quelques jours après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Les certitudes de la justice, qui considère que l'explosion accidentelle est due à des erreurs humaines, ont été régulièrement mises en doute par TotalFinaElf.

Depuis, les deux juges d'instruction chargés du dossier, Joachim Fernandez et Didier Suc, ont mis en examen pour "homicides involontaires" le 13 juin 2002 le directeur de l'usine AZF, Serge Biechelin, et huit autres salariés employés sur le site.

Nicolas Fichot


 Source : La Depeche (19/09/2002)    Source : Sud Ouest (20/09/2002)

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