L'actualité par Jean-Paul Besset
TotalFinaElf veut faire de l'après-AZF une reconversion exemplaire. L'image du groupe pétrolier est en jeu. Thierry Desmarets, son Pdg, a promis, lors de l'annonce de la fermeture de l'usine, jeudi 11 avril, une série de mesures de réparation et de relance.
Nous ne partirons pas sur la pointe des pieds, " affirme Patrick Timbart, au nom de la direction du groupe TotalFinaElf après l'annonce de la fermeture définitive, jeudi 11 avril, de l'usine AZF. Responsable, au titre de la loi, de la catastrophe qui s'est produite le 21 septembre au sein d'un de ses établissements - responsable mais pas automatiquement coupable dans la mesure où l'enquête judiciaire n'a pas encore abouti (lire page 6) -, le groupe pétrolier prend plusieurs engagements : pas de licenciements, indemnisation complète des victimes, soutien de l'économie, création d'un millier d'emplois, reconversion et dépollution du site. Confronté de toutes parts aux critiques, Total a décidé de contre attaquer en souhaitant faire de Toulouse une vitrine pour la reconquête de son image. Une stratégie offensive qui devrait se chiffrer à plusieurs centaines de millions d'euros.
Un plan social " exemplaire "
Thierry Desmarets, le Pdg de TotalFinaElf, l'a annoncé : " Une solution, d'emploi sera proposée à chacun des salariés d'AZF ". Pas un seul des 430 salariés de l'usine ne devrait donc se retrouver au chômage. Préretraites, dès 52 ans, mutations dans d'autres usines du groupe au sud de la France, réembauches dans des entreprises toulousaines, en particulier chez Sanofi... un plan social qui se veut " exemplaire " est en cours de négociation avec les syndicats. " Le groupe a les moyens pour que ça se passe bien " précise Patrick Timbart. Une poignée d'emplois sera conservée à Toulouse : 60 personnes pour assurer la remise en état du site et une quinzaine au service informatique de Grande Paroisse.
Sinistrés : deux milliards d'euros d'indemnisation
" Les victimes seront complètement indemnisées " . C'est le deuxième engagement de Thierry Desmarets. Environ 100 000 dossiers d'indemnisation ont été constitués. 400 à 500 millions d'euros ont déjà été payés aux sinistrés, pour la plupart des individus ou des familles. Au total, bâtiments publics et entreprises comprises, le coût du sinistre est de l'ordre de 2 milliards d'euros. Il se situe un bon milliard d'euros au dessus du plafond que Grande Paroisse, la filiale de Total, possède chez ses assureurs. Quand celui-ci sera atteint, très prochainement, Grande Paroisse prendra le relais des assurances. Une augmentation de capital consentie par la maison mère Total devrait permettre de faire face au surcoût des indemnisations.
Le site sera dépollué
" Nous ne laisserons pas une friche industrielle " promet encore Thierry Desmaret. Le démantèlement et la dépollution des 70 hectares du site où était installé AZF, prendra en compte l'héritage des pollutions laissées dans le sol et le sous sol par la Poudrerie et l'ONIA (en particulier de la nitrocellulose dans d'anciennes gravières). Les travaux dureront au moins trois ans. Total s'engage à les prendre totalement en charge. Une première estimation en a fixé le coût à 250 millions d'euros, soit le double de la dépollution du site du stade de France à Saint-Denis.
L'aide aux PME et aux sous-traitants
Le groupe Total s'engage à soutenir les sous-traitants d'AZF touchés par la fermeture de l'usine. Il fournira en outre une aide aux petites et moyennes entreprises de l'agglomération, en particulier celles qui ont été touchées par l'explosion. Ces actions de " redynamisation du tissus industriel " seront menées dans le cadre de conventions avec la chambre de commerce et d'industrie. Elles prendront la forme d'aides techniques, d'ouverture de marchés ou de contributions financières directes. Première mise en oeuvre : la plateforme Haute Garonne Initiative - un dispositif de parrainage pour de jeunes créateurs d'entreprises - à laquelle Total participe pour 460 000 euros.
Création d'un Institut européen de sécurité industrielle
Le groupe pétrolier s'engage à créer, soit à Labège, soit sur le site même d'AZF, un Institut européen de recherche sur la sécurité industrielle qui deviendrait " une référence technique et scientifique indépendante ". Cet organisme, constitué sous la forme d'un GIE, serait à la fois un centre de recherche sur la sécurité des process industriels (pas seulement chimiques), un lieu de formation continue des experts, des opérateurs, des ingénieurs et des CHSCT, et une autorité pour conduire les activités d'audit et de conseil. Total est prêt à associer dans un comité de pilotage collectivités locales, universités, CEA, CNRS, Ineris et partenaires industriels, en particulier Airbus. Le groupe souhaite que ce projet possède " visibilité et volume " avec une cinquantaine de chercheurs au départ. Outre les bâtiments, il s'engage à fournir contrats de recherche, moyens humains et financiers pour soutenir le projet " le temps qu'il faudra ". Le comité de pilotage devrait se réunir prochainement et lancer un audit qui déterminera le profil précis de l'Institut avant la fin du mois de juin.
Fondation d'une cité des biotechnologies
Le groupe Total reprend au bond les reflexions engagées par la ville de Toulouse, la communauté d'agglomération, le conseil général et le conseil régional sur le développement des biotechnologies. En s'appuyant sur le pôle universitaire de recherche déjà existant et sur les deux poids lourds du secteur de la pharmacie, Pierre Fabre et Sanofi (dont Total est l'actionnaire principal et qui doit regrouper à proximité du site chimique ses activités de recherche), il propose de créer, " si possible sur le site d'AZF ", une cité des entreprises de biotechnologies. Ce " grand projet commun " qui associerait l'ensemble des collectivités territoriales constituerait " un pôle de production et de recherche " qui serait orienté vers la chimie de substitution (c'est à dire sans risque de pollution de l'air ou de l'eau) et les produits pharmaceutiques. Il prendrait la forme d'une Société d'économie mixte (SEM). Il s'agit, selon Patrick Timbart, d'un " pari sur l'avenir " qui permettrait l'installation à Toulouse de plusieurs entreprises désireuses de se développer dans ce créneau. Le groupe pétrolier s'engage à leur fournir, à travers un incubateur d'entreprises, les capacités immobilières d'hébergement et la logistique d'accompagnement ainsi qu'à financer crédits, accès aux marchés et bourses de chercheurs. Cet engagement est pris sur le long terme : trois à cinq ans minimum.
Un millier d'emplois
L'ensemble des mesures de soutien à l'activité économique de Toulouse devrait, selon le groupe pétrolier, se traduire par la création ou la consolidation d'un millier d'emplois sur l'agglomération. Selon les engagements pris par Total, sont à l'étude l'installation sur le site même d'AZF, une fois dépollué, une cité des biotechnologies et un Institut européen de recherche sur la sécurité industrielle.
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