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 Source : La Depeche (21/11/2001)    Source : Tout Toulouse (21/11/2001)
[Articles du 21/11/2001] - [ Periode : 11-2001 (256 articles)] - [ Source : Tout Toulouse (78 articles)]

Article paru le 21/11/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

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" Si le pôle chimique reste, il faudra déplacer Toulouse "


Photo © Tout Toulouse

Tout TOULOUSE : Adjoint à l'urbanisme de 1977 à 2001, vous sentez vous responsable de l'ampleur de la catastrophe qui a frappé de nombreux quartiers autour d'AZF ?

Guy Hersant : Je ne vois pas ce qu'on aurait pu faire... (soupir). Quand on regarde l'urbanisation de ces vingt dernières années, il y a eu l'intensification de Lafourguette, d'accord. Mais le Mirail était déjà construit. A l'époque, personne n'avait relevé que c'était à 1 kilomètre des usines chimiques. La délocalisation de l'université du Mirail s'est même faite dans l'enthousiasme général. A l'expérience, on a pu constater que ces vieux bâtiments dûs à Candilis ont mieux résisté que les constructions plus récentes. Papus, Empalot, tous ces quartiers étaient déjà bien remplis. On ne les a pas intensifiés, au contraire. On ne peut pas dire que la poursuite de l'urbanisation a été nulle, mais elle n'a pas été très importante.

Tout TOULOUSE : Comment a été dessiné le périmètre de protection de 1989 et pourquoi n'y avait-il qu'une seule zone de maîtrise de l'urbanisation ?

Guy Hersant : Les zones Seveso, c'est comme les plans d'exposition au bruit ou les plans de gênes sonores autour des aéroports : la ville ne les contrôle pas. L'administration les établit selon des critères qu'on ne maitrise pas. Nous n'avons de toutes manières pas les moyens de les vérifier. Si on nous avait demandé de faire des modifications, on se serait mis " au garde à vous ". Avec ce qui s'est passé le 21 septembre, il faudrait des rayons d'au moins 3 ou 4 kilomètres. Quand je vois que même le Zénith a été ébranlé, à plus de 3 kms des usines... Mais personne n'avait jamais envisagé sérieusement le risque d'explosion. Toutes les études portaient sur des risques de fuites toxiques.

Tout TOULOUSE : La région avait pourtant fini par renoncer à construire le lycée hôtelier à Pech David, en bordure du périmètre réputé dangereux…

Guy Hersant : C'est surtout à cause de la nature du sol, sujet à des glissements de terrains, et aux difficulté d'accès. Quand Marc Censi est venu visiter le site, il a dit que la vue était magnifique, mais a demandé comment on y allait. La question de la proximité de la zone chimique n'a été évoquée que de façon subsidiaire. On s'inquiétait d'être sous le vent des fumées, pas du risque d'explosion.

Tout TOULOUSE : Et comment a-t-on pu laisser la rocade passer en plein dans le périmètre de danger ?

Guy Hersant : Les projets de tracés étaient antérieurs à la délimitation de la zone Seveso. J'ai l'impression qu'on ne s'est jamais vraiment posé le problème. On s'est dit : " on ne fait qu'y passer ".

Tout TOULOUSE : Quelle leçon tirez-vous de cette catastrophe ?

Guy Hersant : Il est évident que le pôle chimique ne peut plus rester là. C'est à l'Etat de décider, mais je ne vois pas comment laisser des entreprises sur cette zone, qui plus est inondable et polluée. Sinon, il faudrait déménager toute l'urbanisation sur 3 ou 4 kilomètres. Autant déplacer Toulouse ! Il y a aussi un paramètre psychologique à considérer. Les habitants ne pourront pas " survivre " à côté des usines. Entre ceux qui préconisent de développer la culture du risque et ceux qui mettent en avant la notion de " risque zéro ", je suis totalement pour la deuxième solution. On n'est pas là pour faire courir des risques aux gens. Or le risque est certain. Il s'est déjà réalisé à Toulouse, et il recommencera. C'est comme pour les inondations. On ne sait pas quand viendra la crue, mais on sait qu'elle se produira, un jour ou l'autre. A Toulouse, on a rehaussé les digues pour se prémunir d'une crue de l'ampleur de celle de 1875. Mais comment prémunir la population du risque chimique ?

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Guy Hersant a été adjoint au maire de Toulouse, chargé de l'urbanisme, de 1977 à 2001, et a été maire "intérimaire" de Toulouse du 23 janvier au 23 mars 2001.

recueilli par Stéphane Thépot


 Source : La Depeche (21/11/2001)    Source : Tout Toulouse (21/11/2001)

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