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 Source : Tout Toulouse (14/11/2001)    Source : L Express (15/11/2001)
[Articles du 14/11/2001] - [ Periode : 11-2001 (256 articles)] - [ Source : Tout Toulouse (78 articles)]

Article paru le 14/11/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

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Les raisons de la colère des " sans-fenêtres "


Des milliers de sinistrés de l'explosion d'AZF sont au bord de la révolte. Le froid est arrivé et leurs appartements ne sont toujours pas réparés, ou de manière provisoire. Les pouvoirs publics ne sont pourtant pas restés inertes. Quels sont les verrous ?

On a perdu trop de temps dans des procédures... C'est inadmissible " accuse, le 9 novembre le maire de Toulouse, Philippe Douste-Blazy. Le 11 novembre, Jean-François Grelier, responsable du Comité des résidents de la Cité du Parc, organisateur d'un rassemblement de plusieurs centaines de personnes à Basso Cambo, ne tient pas un autre discours. A une nuance près. Pour lui, les pouvoirs publics doivent prendre le problème en charge et avancer au besoin l'argent qui permettra aux sinistrés de passer l'hiver au chaud.

Huit semaines après l'explosion, ils sont des milliers à vivre avec dans la tête les traces d'un choc terrible et, chez eux, un environnement de plastique et de contreplaqué, de courants d'air et de gouttières. Ceux qui ont fait l'objet d'aménagements provisoires-durables - concept inventé pour la circonstance qui consiste à mettre les appartement " hors air et hors eau " le temps de passer l'hiver - se plaignent du manque de lumière, de l'impossibilité d'aérer, du surcoût de chauffage. Pourtant, depuis le 21 septembre, l'administration, les servi ces publics, les services municipaux, les artisans, les milliers de bénévoles, les collectivités locales, les offices HLM se sont mobilisés. A l'évidence, cela n'a pas suffi.

30 000 logements ont été touchés, 11 000 sérieusement endommagés. 50 000 personnes environ ont été et sont encore sinistrées plus ou moins gravement. C'est l'équivalent d'une ville moyenne. Ils sont des milliers à vivre avec dans la tête les traces d'un choc terrible... et dans les courants d'air. . Le 27 octobre dernier, des sinistrés, route de Seysses, attendent encore l'accord des assurances pour commencer les travaux.

Depuis le 30 octobre, les centres d'hébergement d'urgence sont vides, 85 familles ont été relogées dans des mobil-homes. Dans le parc HLM, 8 758 logements sur 15 141 touchés ont été réparés soit de manière définitive, soit en " provisoire-durable ". Environ la moitié des demandes de relogement ont trouvé ou sont en cours de trouver une solution. Dans l'urgence, des mesures exceptionnelles ont été prises : dispense de loyers dans les HLM, réduction des taxes d'habitation, convention - signée le 25 octobre - pour des indemnisations rapides et une simplification des démarches signées par les assurances, le groupe TotalFinaElf prenant en charge les nombreuses victimes qui n'étaient pas assurées, augmentation du plafond d'assurance au dessous duquel une expertise contradictoire n'est pas nécessaire (de 100 000 à 300 000 francs), prise en charge des artisans d'autres régions venus prêter main forte...

Mais ces résultats ne sont pas à la hauteur des attentes des sinistrés, surtout dans le parc privé où beaucoup attendent encore l'accord des assurances pour commencer les travaux. Face à leurs accusations, reprises par le maire de Toulouse, de générer des " tracasseries supplémentaires aux sinistrés d'AZF", les compagnies d'assurance refusent de porter le chapeau. A la Fédération nationale des sociétés d'assurances, on met en avant l'ampleur de la catastrophe : " Un grand nombre d'experts a été envoyé à Toulouse, les assurances ont très vite pris des mesures pour régler au plus vite les dossiers simples. " On reconnait toutefois que les délais d'indemnisation et les avances sont " variables suivant les compagnies. " Les sinistrés reprochent aux compagnies " d'avoir continué à fonctionner normalement dans des circonstances exceptionnelles. " Pendant plus d'un mois, tous les sinistres supérieurs à 100 000 Font suscité une expertise contradictoire. Est-ce que cela a contribué à bloquer les travaux ? Chez Equad, l'assureur du groupe TotalFinaElf, on récuse cette accusation. Maryse Cau me, chargée de communication affirme que " pour les non-assurés, nous avons 400 à 500 dossiers en cours de réglement. Il y en aura en tout 1 000 à 1 500. Pour les expertises contradictoires, nos experts se présentent le même jour que l'assureur. On ne fait pas traîner. Généralement, un accord est trouvé à la sortie de la visite La plupart des dossiers seront réglés à la fin de l'année. " Une vision idyllique que contestent les sinistrés. Ils sont nombreux à avoir attendu plusieurs semaines la visite d'un premier expert, à avoir couru auprès des artisans pour faire faire plusieurs devis, à attendre ensuite une expertise contradictoire avant de pouvoir commander les travaux. Des travaux qui d'ailleurs avancent souvent plus vite quand le sinistré peut faire l'avance de 30 % à la commande. Mais les quartiers touchés ne sont pas parmi les plus aisés. Selon la Chambre des métiers, le manque d'artisans n'est pas la cause des retards pris dans les travaux. " Nous sommes prêts à intervenir, avec 90 entreprises disponibles pour la reconstruction, dont 20 exté rieures au département et 81 pour le désamiantage. " A la préfecture, la cellule " travaux " - mise en place le 7 novembre - a reçu une centaine d'appels de particuliers. " Apparemment, il n'y a pas de problèmes avec les entreprises , explique-t-on, l'essentiel des appels concerne des problèmes d'assurance et de syndics. "

C'est en effet dans les copropriétés que les difficultés sont les plus difficiles à gérer. Les syndics n'étaient pas préparés à gérer une telle catastrophe. Ils ont eu du mal à joindre les copropriétaires, à chiffrer les dégâts, à organiser des assemblées générales. La mairie de Toulouse a décidé de leur apporter son aide. Mais la multiplication des intervenants ne simplifie par les choses. Il y a autant d'assurances que de propriétaires ou de locataires et quand il n'y a pas d'accord, autant d'artisans que de logements. "On n'a pas l'impression qu'il y ait un réel manque de bonne volonté, constate Agnès Casero, une des avocates des sinistrés, mais que techniquement, tout cela manque de coordination. " Pour accélerer le processus, le collectif des sinistrés appelle à une nouvelle manifestation mercredi 14 pour exiger une procédure exceptionnelle : que l'Etat avance l'argent des travaux puis se fasse rembourser par TotalFinaElf afin que les réparations commencent sans délais et pour tout le monde.

Joëlle Porcher


 Source : Tout Toulouse (14/11/2001)    Source : L Express (15/11/2001)

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