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 Source : La Depeche (24/10/2001)    Source : Tout Toulouse (24/10/2001)
[Articles du 24/10/2001] - [ Periode : 10-2001 (334 articles)] - [ Source : Tout Toulouse (78 articles)]

Article paru le 24/10/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

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Dans la zone chimique, les industriels font leur loi


Photo © Tout Toulouse Rejets toxiques et volontaires d'ammoniac dans la Garonne, dégazage de produits toxiques dans l'air, évacuation en force du phosgène par camions : les industries chimiques pratiquent la politique du fait accompli.

Ils n'en font qu'à leur tête. Malgré les lois, les directives et les arrêtés préfectoraux, les industries chimiques du sud de Toulouse continuent de polluer l'eau et l'air. Le préfet lui-même a fini par se fâcher. Dimanche après-midi, une délégation de manifestants du collectif Plus Jamais ça est venue déposer quelques kilos de poissons morts devant la préfecture et la cathédrale Saint-Etienne pour protester contre la pollution de la Garonne par des rejets d'ammoniac de l'usine AZF.

" C'est inadmissible " a réagi Hubert Fournier, dont la colère ne visait pas les manifestants venus lui gâcher le concert d'orgue auquel il assistait, mais bien l'industriel qui aura droit à un procès verbal. La sanction n'est toutefois pas de nature à rassurer des manifestants, aussi outrés que le représentant de l'Etat par l'attitude d'AZF, mais aussi inquiets par l'impuissance du préfet à faire respecter ses propres arrêtés. " Il ne peut prendre que des PV après-coup alors qu'il faudrait une véritable tutelle de l'Etat sur ces entreprises " " C'est inadmissible ", s'indigne le préfet après l'annonce de la pollution de la Garonne par AZF. Dans l'air ou dans l'eau, les usines chimiques avaient droit à une pollution légale. Elles dépassaient parfois les normes

Des kilos de poissons morts après la pollution à l'ammoniac d'AZF. Dimanche 21 octobre, des manifestants de Plus jamais ça amènent ceux qu'ils ont repêché dans la Garonne devant la préfecture, et font part à cette occasion de leurs inquiétudes et de leur colère au préfet, Hubert Fournier. commente Jean-Pierre Bataille, l'un des membres du collectif présent sur place lors de cette entrevue improvisée avec Hubert Fournier. Pour sa défense, l'industriel plaide la bonne foi. C'est précisément parce que le préfet avait écrit au directeur, Serge Biechlin, pour lui demander de remédier aux odeurs nauséabondes ressenties par des riverains lors d'opérations de transfert d'ammoniac vers des wagons citernes, que l'entreprise avait décidé de pulvériser de l'eau sur les vapeurs. Les effluents liquides étaient ensuite rejetés dans la Garonne par l'un des six égouts de l'usine. Il ne s'agit donc pas d'une fuite, mais d'un rejet volontaire. La Direction régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement (Drire) estime que plus de 8 tonnes d'ammoniac ont ainsi été déversées dans la Garonne, alors que ses rejets étaient limités officiellement à 900 kilos par jour, selon la préfecture.

Comme toutes les usines polluantes, AZF a en effet droit à une certaine quantité de rejets dans l'air et dans l'eau, strictement délimités par un arrêté préfectoral. Une " pollution légale ", en quelque sorte. Sur ce chapitre, AZF apparaissait plutôt comme le " bon élève " de la plate-forme chimique sud, avec " seulement " 530 à 726 kilos d'azote ammoniacal rejetés en moyenne par jour depuis le début de l'année, et entre 1,4 à 1,8 tonnes de matières azotées en tout genre dans la Garonne. Mais les 8 tonnes relachées jeudi 25 octobre apparaissent " inacceptables " à Alain Dorison, le directeur de la Drire, qui promet une amende " de cinquième classe ". Alors même que les manifestants sont en train de repêcher les poissons morts dans la Garonne, dimanche 21 octobre, la préfecture fait savoir par un communiqué que la SNPE " vient de signaler à la Drire avoir entrepris ce jour de dégazer des fûts de chloroformate ". Le texte ne mentionne ni les quantités rejetées, ni la toxicité du produit. Il se contente d'affirmer que " ce dégazage ne présente aucune menace pour la santé ou la sécurité des habitants ". Le secrétaire général de la préfecture, Jean-Luc Marx, précise à l'agence France Presse que " ce dégazage n'est pas lié aux opérations de mise en sécurité de l'usine ". Ce serait donc une opération banale, pratiquée régulièrement " à chaque fois que l'ancienneté ou la pression le rendent nécessaires ". C'est du moins ce que lui a affirmé M Mommée, de la SNPE. La quinzaine de petits nuages " de 10 mètres de diamètre environ " serait donc un phénomène courant au-dessus de la plate-forme chimique. Une curiosité météorologique passée jusqu'alors inaperçue. Une goutte d'eau parmi les 100 kilos de phosgène rejetés par jour dans l'air de Toulouse, selon le dernier inventaire des " 150 plus gros risques et rejets industriels " publié sur le site internet de la Drire Midi-Pyrénées. " Ils ont au moins pris la peine de nous avertir " se contente de souligner Alain Dorison. La Drire avait pourtant dressé un procès verbal en 1999 à la SNPE pour des rejets dans l'atmosphère qui dépassaient les valeurs limites autorisées. Un arrêté préfectoral avait même mis en demeure l'industriel de respecter ces normes de rejet. " Une unité de traitement thermique des effluents gazeux sera mise en service en 2001 " promettait le site internet de la Drire. Depuis, plus de nouvelles...

La SNPE devait aussi retraiter ses effluents dans l'eau. Pris là encore sur le fait de dépassement des normes, l'industriel avait repoussé la nécessité de l'investissement en expliquant que c'était la faute du carburant de la fusée Ariane IV : la SNPE avait dû augmenter sa production, mais ne voulait pas investir dans le retraitement alors que ce carburant serait bientôt abandonné au profit de la fusée Ariane V. L'usine spécialisée dans la chimie du phosgène a l'habitude de ce type de passage en force. Jeudi 18 octobre, l'un de ses représentants expliquait devant le Secrétariat permanent pour la prévention des problèmes industriels (SPPPI) qu'un convoi de 19 tonnes de phosgène avait quitté l'usine la veille. Les membres de cet organisme de concertation qui voulaient demander des précisions sur les raisons de l'abandon de la solution de destruction préconisée par la Drire n'ont pu que constater qu'ils étaient mis devant le fait accompli. La SNPE va plus loin. Parallèlement à l'équipe " sinistre " pilotée par Roger Meyniel, le directeur du site, un communiqué de l'entreprise annonçait dès le lendemain de l'explosion, la création d'une équipe " redémarrage ", animée par le directeur industriel de SNPE Chimie, Daniel Surroca.

Stéphane Thépot


 Source : La Depeche (24/10/2001)    Source : Tout Toulouse (24/10/2001)

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