Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique et social régional
Tout TOULOUSE : Le maire de Toulouse, soutenu par son conseil municipal unanime, une large majorité de Toulousains selon divers sondage, et plus récemment par le président de la République, réclame le départ des usines chimiques du sud de Toulouse. Et vous ?
Jean-Louis Chauzy : Je ne suis pas un habitué du principe de précaution politique ou électoral. Si on peut comprendre que la dureté du spectacle après le drâme qu'a vécu Toulouse a pu provoqué un choc, on ne peut prendre de décisions définitives que si on a des explications crédibles et scientifiques sur ce qui s'est passé. J'ai consulté les meilleurs chimistes et ils n'ont toujours pas de réponse. J'ai écouté les industriels et les syndicats de la chimie, personne ne comprend. Au bureau du conseil économique et social que j'ai réuni le 1er octobre, nous avons été choqués que l'on instruise aussi vite le procès d'une industrie et des hommes qui y travaillent. Je n'ai pas l'intention de participer à la chasse à courre qui s'organise aujourd'hui.
Tout TOULOUSE : Vous êtes donc davantage sur la position de Lionel Jospin que sur celle de Philippe Douste-Blazy ?
J-L.C : Je suis plus proche de la position du premier ministre et du président du conseil régional de Midi-Pyrénées que de celle du maire de Toulouse ou du président du conseil général. Je dois tout de même rappeler que ce n'est pas AZF ou la SNPE qui ont délivré des permis de construire !
Tout TOULOUSE :A ce propos, ne fallait-il pas prévoir des périmètres de sécurité plus larges autour des usines et ne faudrait-il pas revoir les rayons à la hausse pour les autres sites ?
J-L.C : Il faut surtout avoir le courage de dire que le risque zéro n'existe pas.
Tout TOULOUSE : Si un Airbus s'écrase à Toulouse lors d'un vol d'essai, les collectivités locales vont-elles demander le départ de l'industrie aéronautique ?
J-L.C : Bien sûr que non.
Tout TOULOUSE : L'enjeu est donc de tendre vers une sécurité optimum. Mais avec le procès public intenté à l'industrie chimique, quel élu acceptera aujourd'hui ce type d'usine ?
J-L.C : Le fond du problème est là : si la France ne veut plus de ces usines, elle doit le dire. Mais cela voudra dire qu'on accepte de les délocaliser dans le Tiers-Monde.
Tout TOULOUSE : Peut-on envisager un déménagement vers d'autres sites de la région ? Le maire de Lannemezan s'est par exemple déclaré intéressé, sous certaines conditions.
J-L.C : La question doit être posée à ceux qui réclament le transfert. Les élus ne peuvent pas à la fois demander le départ des usines, exiger de l'Etat qu'il paie la taxe professionnelle perdue, et dire au préfet "débrouillez-vous". Ces collectivités doivent aussi être capables de dire où mettre les usines dont elles ne veulent plus. La solution passe par une concertation régionale. Je me demande pour ma part si l'on doit chercher à reconstruire des sites aussi gigantesques, ou si l'on ne peut pas imaginer des solutions plus petites et cloisonnées. Il faudra aussi prendre en compte l'avis des salariés.
Tout TOULOUSE : Le ville de Toulouse laisse entendre que ce sont les syndicalistes et les patrons de la chimie qui ont refusé de partir de Toulouse, dans les années 70 et 80…
J-L.C : Pour ma part, je n'ai jamais entendu parler de ce déménagement. J'étais pourtant responsable syndical régional avant de présider le CESR. Je peux toutefois comprendre que si on leur propose de partir en plein désert à 150 kilomètres, les gens soient réticents. Je trouve surtout indécent, alors qu'une usine a été anéantie à 50%, que des élus s'empressent d'en démolir l'autre moitié. Mais je ne veux pas polémiquer avec la ville de Toulouse. Au contraire, le CESR souhaite travailler avec la ville et l'agglomération, aider à organiser un vrai débat public. Il nous suffit de trois mois.
recueilli par Stéphane Thépot
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