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 Source : Sud Ouest (28/09/2001)    Source : Le Monde (28/09/2001)
[Articles du 28/09/2001] - [ Periode : 09-2001 (154 articles)] - [ Source : Sud Ouest (11 articles)]

Article paru le 28/09/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Sud Ouest

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L'enquête piétine


Photo © Sud Ouest Dans ses investigations, la police judiciaire ne néglige aucune piste, mais, gonflée par la rumeur, la thèse de l'acte de malveillance ou de l'attentat conquiert la Ville rose. Toulouse a des doutes

Une partie des Toulousains se refuse à croire que l'explosion de l'usine Grande Paroisse est, comme l'a annoncé le procureur, « d'origine accidentelle à 99 % ». Nombreux sont ceux qui s'interrogent avec inquiétude sur le 1 % restant. Les rumeurs les plus invraisemblables courent la ville. « Un avion s'est écrasé sur le site », ont cru savoir les uns. « On a vu des gens s'enfuir dans les minutes qui ont précédé la déflagration », jurent les autres. Et, comme pour asseoir leur certitude, nombreux sont ceux qui ajoutent : « On veut nous cacher la vérité ».De fait, les sentiments oscillent entre inquiétude ravivée ou laisser-dire fataliste. Lundi soir, le procureur de la République se voulait rassurant. Il cherchait vraisemblablement à réduire à néant toutes les conjectures sur l'éventualité d'un acte terroriste. Le contexte international, bien sûr, suscitait des interrogations d'autant plus graves qu'elles étaient légitimes. Or, aidé par un expert en pyrotechnie internationalement connu, le SRPJ avait tenu à aller vite. Les constatations ont été diligentées avec la plus grande intensité, puisque la quasi-totalité des cent enquêteurs a été mobilisée autour des questions qui se posaient.

LA PISTE TERRORISTE

La piste terroriste et celle de la malveillance ont bien évidemment été explorées. Pas d'avion sur le site, pas de visiteur parti en hâte. L'ensemble des 450 employés de l'entreprise et même les sous-traitants ont été interrogés un à un. On sait jusqu'à trois minutes avant l'explosion qui était dans le hangar. De fait, une intervention extérieure ayant été écartée, les enquêteurs se sont interessés au produit. Des ammonitrates étaient stockés dans le hangar d'où est partie l'explosion. En théorie, cette substance est ininflammable. Plusieurs chimistes consultés le confirment : « Cette matière n'est pas détonante. Il faut une source de chaleur pour provoquer la déflagration ».Ces spécialistes étayent leur jugement sur la connaissance qu'ils ont de l'ammonitrate pur. Or, selon plusieurs sources concordantes, le hangar concerné par l'explosion servait à entreposer des produits non conformes. Des rebuts, dont la stabilité moléculaire est mise en doute. Les ammonitrates supportent mal le contact avec d'autres produits. Surtout les substances organiques qui, en se décomposant, peuvent générer un gaz ou induire une modification des molécules. Un animal en décomposition, voire des hydrocarbures, sont très malvenus dans les lieux de stockage d'ammonitrates purs. Qu'en est-il des ammonitrates déclassés ? Selon plusieurs experts chimistes quand le nitrate perd une molécule d'oxygène, il devient nitrite et son point de fusion tombe à 60ø.

Dans ce hangar, on sait aujourd'hui qu'il y avait du papier, et donc de la cellulose, de l'eau qui tombait du toit, et sans doute de l'eau remontée du sous-sol par capilarité. Il y avait également du gasoil. En d'autres termes, beaucoup de facteurs concordants pour troubler un ammonitrate, surtout peut-être, s'il n'est pas tout à fait parfait. Restent des éléments matériels. La détonation est partie d'une véritable « dune » de matière. Le tas ainsi formé couvrait une longueur d'environ 30 mètres, une largeur de 8 mètres, le tout sur une hauteur de 2,50 à 4 mètres. On sait aujourd'hui que l'explosion est partie du coeur même de cette masse et, vraisemblablement, par en dessous. Effectivement, on ne peut pas exclure que, trois minutes avant l'explosion, un intrus ait entrepris de creuser le tas par son milieu pour déposer une charge explosive. Mais peut-on exclure que, sous ces 4 mètres d'ammonitrates, un corps étranger, comme le gasoil du bulldozer qui n'aurait jamais dû se trouver là, n'ait eu le temps de fermenter pendant de longues journées ? On le devine, quelles que soient les conclusions de l'enquête, le rapport d'analyse donnera lieu à une bagarre d'experts en chimie.

PHILIPPE MOTTA


 Source : Sud Ouest (28/09/2001)    Source : Le Monde (28/09/2001)

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