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 Source : Liberation (25/09/2001)    Source : Le Monde (25/09/2001)
[Articles du 25/09/2001] - [ Periode : 09-2001 (154 articles)] - [ Source : Liberation (36 articles)]

Article paru le 25/09/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Liberation

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«Déménager toute la chimie ? Infaisable»


Pour l'urbaniste François Ascher, usine et ville devront cohabiter

Lors de son ouverture en 1924, l'usine AZF de Toulouse était dans les champs. Rattrapée par l'urbanisation, elle s'est retrouvée en pleine ville, ce qui n'a fait qu'aggraver le bilan de l'explosion. Comment ces sites industriels dangereux, classés Seveso, peuvent-ils être éloignés au maximum des villes? François Ascher, professeur à l'Institut français d'urbanisme (1), explique que la marge de manœuvre est faible.

Peut-on empêcher les villes de se développer autour des usines?

Aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, on est dans l'étalement urbain et il y a peu de chances qu'on arrive à l'enrayer. Mais si on ne peut pas empêcher ce phénomène, on peut l'organiser. Avec des projets urbains à la bonne échelle, il doit être possible d'éloigner ces entreprises. Cela étant, on peut prendre des dispositions extrêmement rigoureuses pour l'avenir, mais on ne va jouer qu'à la marge. Alors, que fait-on pour les unités industrielles qui existent? On les délocalise? Pour une commune, avoir des milliers d'emplois qui disparaissent, ce n'est pas évident. A Ivry, par exemple, toute l'histoire est marquée par cette contradiction entre emploi et environnement. Je pense qu'il faut s'engager dans une démarche qui force sur la sécurisation maximale des sites existants. Déménager massivement toute la chimie, non, ce n'est pas faisable.

Peut-on au moins geler les terrains proches des sites?

Complètement. Les plans locaux d'urbanisme donnent tout à fait aux élus les moyens de le faire. C'est une question de volonté politique. Mais le site de Toulouse, lui, est incroyablement intra-urbain. Fermer les usines présentes (AZF, SNPE et Tolochimie, ndlr) est quand même plus simple que de détruire tous les bâtiments à un kilomètre à la ronde. En fait, il faut se demander dans chaque cas ce qui est le plus efficace: créer un périmètre non bâti, ou jouer surtout sur une forte sécurisation.

Mais si les élus locaux n'utilisent pas ces moyens réglementaires...

Alors, il faut que la décision soit prise un cran au-dessus des maires. Cela renvoie à la nécessité de donner un pouvoir plus fort aux agglomérations. On peut espérer que la loi SRU (solidarité et renouvellement urbains) et la loi sur l'intercommunalité vont changer la donne. Ces textes poussent les communes à se regrouper et à mettre la taxe professionnelle en commun: les villes n'ont plus alors un intérêt aussi direct à ce que les entreprises soient localisées sur leur territoire. Pour des usines du type de celle de Toulouse, la loi SRU est le bon cadre puisqu'elle permet de raisonner à l'échelle de l'aire urbaine, une échelle large. Ces dispositifs devraient déboucher sur moins d'égoïsme communal. Mais les décisions sur l'agglomération seront le résultat de négociations entre les communes, d'un marchandage qui risque de dissoudre les projets. Ces deux lois sont une avancée, mais ce n'est pas suffisant: il faut un pouvoir d'agglomération élu au suffrage universel direct. Les très gros équipements - aéroports, industries dangereuses - demandent en plus des pouvoirs régionaux renforcés. L'histoire du troisième aéroport illustre ces difficultés car elle pose la question du raffermissement d'un pouvoir d'Etat pour se dégager des jeux de pouvoirs locaux.

SIBYLLE VINCENDON


 Source : Liberation (25/09/2001)    Source : Le Monde (25/09/2001)

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