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 Source : Sud Ouest (25/09/2001)    Source : Liberation (25/09/2001)
[Articles du 25/09/2001] - [ Periode : 09-2001 (154 articles)] - [ Source : Liberation (36 articles)]

Article paru le 25/09/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Liberation

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Toulouse : Total montré du doigt


La justice privilégie l'accident. L'entreprise nie toute responsabilité.

Les pompiers ont d'abord gêné la progression de l'enquête policière sur le site d'AZF qui a explosé la semaine dernière à Toulouse. «Avec quatre ordres d'évacuation des lieux depuis vendredi, ça n'a pas avancé comme on voulait», convient l'un de leurs capitaines. L'équipe policière chargée des constats n'a donc abandonné le terrain qu'hier à midi. «Après avoir normalement terminé son travail sur le terrain», confirme le directeur toulousain du SRPJ, Marcel Dumas. La cellule chargée de l'identification des victimes a elle aussi presque terminé son travail. Reste la cellule enquête. «Il y en a pour quinze jours, voire trois semaines», reprend Marcel Dumas.

«Pas de négligence». Qu'est-ce que l'enquête a déjà permis de trouver? «Rien», choisit-il de répondre. Les constats autorisent au moins à écarter l'hypothèse d'une action «extérieure», celle d'un attentat ou d'un acte de malveillance. «Si ces deux-là ne tiennent pas, conclut un enquêteur, devinez ce qui reste...» Le scénario de l'accident, qui semble tellement déranger TotalFinaElf et les syndicats de l'entreprise, paraît aujourd'hui le plus probable.

«Je n'ai aucune raison de penser que quelqu'un (de l'entreprise, ndlr) ait pu faire une erreur qui ait provoqué une telle catastrophe», est venu dire hier le directeur d'AZF, Serge Biechlin aux grilles de son usine. Il n'a lui-même pas «l'impression d'avoir fait la moindre négligence». Il répondait aux propos tenus la veille par le procureur de la République, Michel Bréard, qui a publiquement mis «en cause les mesures de sécurité de l'usine». La justice et la police ne partagent donc pas vraiment l'avis des industriels et de leurs salariés qui ne veulent pas être tenus pour responsables de la mort de 10 des leurs sur le site et de 19 autres Toulousains.

Stockage. Toutes sortes d'échantillons arrivent à la police scientifique de Toulouse. «Il s'agit de constater que le nitrate d'ammonium qui a explosé n'était peut-être pas aussi pur que certains le disent», confie un de ces chimistes policiers. AZF assure que le nitrate d'ammonium est «inerte» et ne peut se transformer en bombe que sous l'effet d'une action extérieure. En tout cas, lorsqu'il est stocké dans des conditions «parfaites et rigoureuses». Les deux experts commis par le parquet de Toulouse pensent, eux, que les 200 tonnes de nitrate d'ammonium n'étaient pas assez pures pour être aussi «inertes» que ça...

Il pouvait y avoir, sous le lieu où ces tonnes étaient stockées en vrac, des matières organiques et des corps gras du type gazole indispensables à l'obtention d'un mélange détonant. Les allées et venues d'engins de manutention, la présence à cet endroit de produits d'autres ateliers, pourraient expliquer le «lent processus physicochimique» du nitrate qui se transforme en explosif, évoqué par le procureur. AZF jure qu'il n'y avait pas de traces de gazole sous son hangar et que ces engins ne fonctionnaient qu'au gaz ou à l'électricité. Les conversations autour de l'usine abondent de témoignages de salariés allant plutôt dans le sens contraire. Le stockage, précise ainsi l'un d'eux, anonyme sous son casque de chantier, n'était «pas rigoureux du tout». Le nitrate qui n'aime pas l'eau a pu aussi être à son contact, au moins par capillarité, sur ce bord de fleuve: «On dit que le sol du hangar était imperméable puisqu'en béton, explique celui-là. Mais il ressemblait à de la terre battue tellement il était vieux.» Les enquêteurs vont maintenant entendre «tout le monde» plus de 500 personnes - «y compris ceux qui assurent depuis le début que cet accident ne pouvait pas se produire».

Opinion publique. Les auditions ont commencé le jour de l'accident. Le groupe TotalFinaElf - et sa gestion du site jugée «approximative» par les enquêteurs - se retrouve seul au front. Un front double. La police et l'opinion publique. Hier à 18 h 30, plusieurs milliers de Toulousains ont improvisé une manifestation, place du Capitole, pour réclamer «la fermeture définitive» du site.

GILBERT LAVAL


 Source : Sud Ouest (25/09/2001)    Source : Liberation (25/09/2001)

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