Le jour de l'explosion, j'allais rentrer dans la chambre de mon bébé pour aller le voir... La première déflagration a arraché la trappe du grenier qui est tombée sur ma tête et la deuxième a fait vibrer toute la maison... J'habite pourtant à l'entrée d'Escalquens... J'ai cru que l'explosion avait lieu chez moi, et j'e me suis relevée pour attraper mon bébé et m'empresser de sortir... Tous les voisins étaient dehors... On annonça à la radio que c'était l'usine AZF qui avait explosé et que de nombreux quartiers avaient été touchés, notamment celui de Rangueil ou habite toute ma famille... Je me suis précipitée dans ma voiture, avec mon petit Jérémie, car je n'arrivais à joindre personne... A mi-chemin, on annonça à la radio qu'un nuage certainement toxique se dirigeait sur Toulouse et qu'il ne fallait pas sortir... J'étais prise dans les embouteillages et je ne pouvais plus faire demi-tour... J'ai protégé mon fils avec un foulard, mais il se l'enlevait toujours... Plus je m'approchais du quartier des miens, plus je croisais des personnes au visage ensanglanté... J'ai retrouvé ma famille quelques minutes plus tard... Les plus longues de ma vie... ils étaient hagard, et ne tenaient que des propos incohérents, leurs appartements respectifs avaient été touchés, mais ne voulaient pas venir chez moi... Je repartis donc, angoissée de les laisser, mais voulant partir le plus loin possible afin de protéger mon bébé... C'était un dilemme atroce... En chemin, j'ai croisé un petit jeune homme de 16 ou 17 ans, le visage plein de sang assis sur le trottoir les yeux dans le vague... Je me suis arrêtée et lui ai demandé de monter dans ma voiture, quitte à l'héberger... Au bout de une demi heure, il a prononcé son premier mot, t m'a donné son adresse. C'était à Lagège, tout prés de chez moi, je l'ai raccompagné... Je suis arrivée à la maison, et j'ai écouté TLT toute la journée... Mon fils a fait ses touts premiers pas ce jour là...
Je suis artiste peintre sculpteur et je suis allée proposer des activités artistiques aux enfants des quartiers les plus touchés, pour essayer de leur changer les idées... Le quartier de Papus m'avait été attribué... Une petite fille de 6 ans a fait un dessin : il y avait son papa, sa maman, ses deux frères et elle... Elle n'avait dessiné qu'un bras à son papa. -"Tu sais pourquoi je n'ai fais qu'un bras à Papa ?" m'a-t-elle demandé. -"C'est parce qu'il n'en a plus qu'un depuis l'explosion." Je vous avoue que j'ai été très choquée…
Quelques jours plus tard, le 16 octobre, j'ai ressenti des douleurs dans la tête, sur la tempe droite... j'ai consulté et on m'a dit qu'il n'y avait certainement pas de rapport avec l'explosion, mais j'en doute... il y a 1 an, que la catastrophe a eu lieux... Je n'oublierais jamais, et j'ai toujours mal à la tête...
Sylvie
