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 Salle des professeurs de mon établissement scolaire - François  Tout petit témoignage - François Berger

Je me trouve ce jour là chez moi, à 1 km de vol de l’usine


Le 21 septembre 2001, une catastrophe terrible s’abat sur la ville de Toulouse, l’explosion de l’usine d’AZF. Je me trouve ce jour là chez moi, à 1 km de vol de l’usine. Je regarde la télévision lorsque les vitres de l’appartement explosent. Jamais je me suis doutée que ma vie allait basculer en quelques secondes. Le soir même je m’aperçois que j’ai des petites coupures aux pieds et aux bras mais aussi des hématomes. Rien de grave… je suis surtout angoissée par l’événement que je viens de subir, chose de tout à fait normale, mais pas pour tout le monde il faut croire…

Le pire arrive 2 jours après, je perçois des bourdonnements et des douleurs au niveau des oreilles et des vertiges. Dès le lundi 24 septembre, je vais chez l’ORL de mon père. Il constate une perte d’audition et il me dit que tout reviendra à la normale dans 5 jours si je prends le traitement suivant : Vastarel (vasodilatateur), Tanganil (antivertigineux) et Célestine (corticoïdes).

Le lendemain, je vais voir un médecin généraliste pour mes troubles du sommeil et de vertiges, et je lui raconte mon histoire. Il découvre un hématome sur le tympan gauche avec saignement, chose que l’ORL n’a pas constaté. Je passe un scanner par la suite qui ne dit pas grand chose.

Mes douleurs ne font qu’empirer les jours qui ont suivis. Je ne supporte plus rien, même pas le réfrigérateur, l’aquarium, les voix de mes proches, les ongles de ma chienne sur le sol… Je me suis aperçue également que les sons sont amplifiés. J’ai su bien plus tard que le Vastarel augmente l’hyperacousie.

Je retourne voir ce même ORL la semaine d’après, il trouve une amélioration au niveau de l’audition et pour le reste il ne veut pas en entendre parler, il me demande d’enlever mes bouchons, d’oublier mes bourdonnements et mes douleurs que tout ceci fait partie de mon imagination ! Je suis effondrée car je sais très bien que c’est réel, que je n’invente rien. Je décide donc de garder mes bouchons et mon casque antibruit (pour les situations trop bruyante comme les supermarchés ou perceuses de mes voisins). Déjà que le handicap est très dur à vivre, les médecins sont incompréhensifs. Nous sommes seuls face à ce qui nous arrive et je remercie l’association qui nous donne du courage et de l’espoir.

J’en ai vu d’autres après lui. Vous n’allez pas me croire mais il y en a un qui m’a même dit que cela provient de mes allergies aux acariens !!!

Un autre me dit que j’ai un « dysfonctionnement du système efférent médian de la cochlée qui montre que l’essentiel de la problématique est d’origine centrale » et il conclue que j’ai une photophobie invalidante !!! Grâce à ce cher médecin tout le monde pense que je suis phobique, incroyable !!! Donc il pense que mon problème est d’ordre psychique et il se dit expert en acouphènes et hyperacousie. Ma neurologue en voyant le certificat parle de phonophobie douloureuse. Nous sommes rejetés de toutes parts que se soit avec nos amis ou avec la médecine, c’est très dur à supporter, surtout dans les conditions d’un tel drame. Nous n’avons pas besoin de ça en complément.

Je me bats depuis le début pour que ma pathologie soit reconnue non comme psychique mais comme quelque chose de réellement physique et surtout pour pouvoir me défendre face à l’usine et Total Fina Elf. Grâce au témoignage de Nicolas sur « Femme actuelle » j’ai pu donner un nom à ma pathologie : acouphènes + hyperacousie douloureuse sévère. Je me suis retrouvée dans cet article et dans son site. Aujourd’hui j’essaye d’avoir une vie « normale ». Je continue mes études en arts plastiques à la faculté bien que je ne puisse plus les suivre correctement car je ne supporte plus les cours en amphithéâtre. Les cours en atelier sont également très difficiles, j’y reste très peu de temps. L’art est une passion et je ne peux vivre sans. Je porte des obturateurs et le casque lorsque je sors en ville ou lorsque je vais au supermarché et autres magasins…

Sept mois après, je suis dans une impasse, je n’ai aucun traitement ni de médecins, je ne sais pas ce qu’il faut faire pour éviter que ma situation ne s’aggrave. S’il faut s’isoler ou bien faire face aux bruits mais surtout aux douleurs. Dernièrement, le 21 mars j’ai participé au côté de l’association « vivre après l’explosion » (association de blessés) à une manifestation organisé par l’association « plus jamais ça » contre la réouverture du pôle chimique à Toulouse. J’étais dans un état physique terrible, je ne tenais plus, la douleur était intolérable ainsi que la fatigue. J’ai dû partir avant la fin. Je sais aujourd’hui que ce n’étais pas bon pour mon état de santé mais il fallait que je le fasse.

Le plus incroyable, c’est que ma chienne qui était à mes pieds lors de l’explosion à la même pathologie !!! Elle était sourde comme un pied, maintenant au moindre bruit elle s’échappe. Etonnant non !!! Ne laissez personne vous dire que c’est PSYCHOLOGIQUE ou PHOBIQUE : nous n’avons pas peur du bruit et encore moins de mourir lorsque nous l’entendons !!!

Sandrine


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