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 Source : L Express (16/01/2003)    Source : La Depeche (17/01/2003)
[Articles du 16/01/2003] - [ Periode : 01-2003 (22 articles)] - [ Source : Nouvel Observateur (52 articles)]

Article paru le 16/01/2003 - Cet article est la propriété du journal ou société : Nouvel Observateur

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Nouvelles révélations dans l'affaire AZF


Plusieurs pistes auraient été mal exploitées. Une source proche du dossier déclare que cese contre-enquêtes ne sont pas "sérieuses".

Quelques jours après l'explosion de l'usine AZF, le 21 septembre 2001, le procureur de la République déclarait que la thèse de l'accident était sûre "à 99%". La reconstitution du 125 octobre 2002 a pourtant démontré qu'une erreur de manipulation entre chlore et ammonitrates (un mélange détonnant qui aurait pu expliquer l'explosion), était impossible, l'odeur des deux produits étant trop différente. Le Figaro et L'Express publient donc tous les deux ce jeudi matin une contre-enquête sur l'explosion qui a fait 30 morts et plus de 2.000 blessés. Les deux journaux estiment que l'enquête officielle pêche sur sept à huit point: les revendications parvenues après l'explosion, le rapport des RG mal exploité, des expertises médicales disparues, des problèmes sur le nombre de cadavres, l'emploi du temps de Hassan J., un employé de l'usine, la présence d'un troisième intérimaire et la disparition de 21 kilos de Chrome 6.

Révélations pas "sérieuses"

Les "contre-enquête" et "révélations" publiées ne sont pas "sérieuses", a-t-on estimé ce jeudi de source proche du dossier. "Les journalistes qui ont pondu ces articles manquent singulièrement d'objectivité (...) ce n'est pas sérieux", a-t-on précisé de même source, relevant de nombreux "mensonges" dans leurs articles. Le directeur du SRPJ de Toulouse, en charge de l'enquête, Marcel Dumas a rappelé ce jeudi que les enquêteurs étaient "tenus au secret de l'instruction". "Le SRPJ a fait son travail avec sérieux, avec professionnalisme", a-t-il toutefois précisé. "On oublie beaucoup les victimes, on oublie beaucoup leur traumatisme et on leur en rajoute un en leur disant c'était un attentat", a-t-il aussi regretté. Pour sa part, le procureur de la République de Toulouse Michel Bréard a indiqué qu'il ne répondrait pas à ces articles avant un point-presse programmé lundi à 11h00.

Les revendications

Les deux journaux relèvent que plusieurs revendications de l'attentat n'ont pas été exploitées par les enquêteurs. Cinq revendications sont parvenues après l'explosion aux gendarmes ainsi qu'à des journaux. Ces cinq revendications n'ont jamais été évoquées officiellement, relève Le Figaro. Et le journal de poursuivre: "L'une de ces revendications a pourtant été envoyée depuis un fax installé au Centre de traitement de l'alerte des... pompiers de Haute-Garonne. Son responsable a expliqué au policier venu l'interroger, le 2 octobre 2001, que les lignes téléphoniques de son service ont été 'piratées par des individus opérant d'Angleterre et téléphonant dans le monde entier.' L'investigation s'arrêtera là sur un PV de 'vaines recherches'." La piste en est restée là. L'Express cite pour sa part "une lettre anonyme envoyée au SRPJ contenant un message bref - 'Lui sait qui a fait boum' - accompagné de la photo d'un adolescent d'origine maghrébine". Cette découverte "ne suscitera pas de recherches pour retrouver ce possible témoin".

Rapport des RG

Les deux journaux s'interrogent également sur le peu de cas que les enquêteurs ont fait du rapport des Renseignements généraux sur la personnalité de Hassan J., un employé intérimaire qui chargeait des sacs d'ammonitrates dans des camions. Le jeune homme travaillait le 21 septembre non loin de l'explosion. Il a été tué sur le coup. Lors d'un premier examen de son corps, le médecin légiste a en effet découvert que le jeune homme portait de nombreux sous-vêtements, une attitude parfois observée chez les kamikazes palestiniens qui escomptent ainsi sauvegarder leur sexe en vue des vierges du paradis. DU coup, les RG enquêtent. Selon leur rapport, Hassan J. "serait tombé depuis plusieurs mois sous l'influence du groupe islamiste 'tendance afghane' de Mohammed R. Or des membres de ce groupe, dont le propre fils de Mohammed R., ont été arrêtés, une heure après l'explosion, par la brigade autoroutière de Valence-d'Agen, à 100 kilomètres de Toulouse", explique L'Express. Les RG signalent aussi une altercation, la veille de l'explosion, entre Hassan J. et des chauffeurs venus chercher leur cargaison d'ammonitrate, l'un des chauffeurs, fan des Etats-Unis, ayant mis dans sa cabine un drapeau américain en berne par solidarité avec les victimes des attentats d'outre-Atlantique. Au cours de leur enquête, les policiers du SRPJ se contentent cependant de contacter les proches d'Hassan J. et, face à leurs dénégations, de conclure à de fausses rumeurs colportées par… les journalistes. Qui se basaient pourtant sur le rapport des RG.

L'emploi du temps de Hassan J.

Toujours concernant Hassan J., les deux journaux relèvent qu'aucune enquête sérieuse n'a été faite sur son emploi du temps. Quelques jours avant l'explosion, l'intérimaire aurait manifesté un changement d'attitude. Quelques jours avant l'explosion, l'intérimaire ne travaille plus beaucoup, traîne un peu partout sur le site. Il serait en outre rentré plusieurs fois sur le site avec un inconnu à bord de sa voiture, ce qui lui avait valu des remontrances. Le jour même de l'explosion, une altercation aurait opposé Hassan J. et deux autres employés aux chauffeurs routiers présents sur le site. Hassan J. aurait alors déclaré qu'il "était un combattant turc, qu'il faisait la guerre", avant de conclure "Tu vas voir, ça va être une bonne journée! Tu t'en souviendras...". Sur les deux autres personnes avec qui était Hassan J. ce matin là, une seule a pu être identifiée. L'autre est toujours inconnue aujourd'hui, affirme L'Express.

Le troisième intérimaire

Mais le journal a peut-être un nom à mettre sur ce troisième homme, Samir A., embauché à AZF le 19 septembre pour laver les carreaux. Selon le journal, il aurait quitté l'usine environ une demi-heure avant l'explosion, prétextant d'une gastro-entérite. Là encore, les vérifications du SRPJ s'arrêtent au témoignage du jeune homme. "Pourtant, les explications de Samir A. vont à l'encontre d'autres témoignages et du simple bon sens", explique le journal. "Quelquefois, même, il ne dit pas la vérité. Ainsi, quand il quitte AZF le matin du 21 pour rentrer chez lui parce qu'il se sent trop mal, il précise: 'Je ne tenais plus sur mes jambes', alors qu'un employé le voit sortir 'à pas pressés'. Puis, au lieu d'attendre le bus 52 devant l'usine, il s'en va à pied 'chercher un autre bus' et ne prend pas la direction d'Empalot, où il dit habiter." Beaucoup de questions restent donc en suspens sur ce troisième homme. D'autant qu'il a reçu peu de temps avant l'explosion 7.000 francs en provenance de New York, qu'il était bien trop diplômé pour simplement faire le ménage, et qu'un devis sur des livres de chimie avait été établis à son nom pour plus de 120.000 francs.

Expertises médicales

Deux expertises médicales ont disparu du dossier, affirme L'Express. Il s'agit des "examens de corps" de Hassan J. et d'un autre manutentionnaire de son équipe, Abder T., tué lui aussi par l'explosion. Seule une photocopie du premier document a pu être confiée à un avocat qui en faisait la demande. Quant à l'"examen de corps" d'Abder T., il semble s'être volatilisé. Le journal note également, "la succession d'irrégularités lors de l'examen du corps de Hassan J. à la morgue de Purpan, le 22 au matin". Seules quelques photos prises lors de l'examen figurent au dossier. Aucune ne semble avoir été prise du singulier harnachement du manutentionnaire (un pantalon, un short, un slip, deux caleçons, un slip). En outre, Hassan J. a subi une "préparation thanatologique" le 22 dans l'après-midi, avant l'autopsie qui sera effectuée le lendemain. En clair, le corps a été toiletté et préparé en vue d'une présentation à la famille et à l'imam devant accomplir le rituel religieux. Une erreur de procédure qui pouvait effacer d'éventuels indices.

Le nombre de cadavres

Un autre point soulève bien des questions. Il s'agit du nombre final de morts découverts sur le site de l'usine. Le vrai décompte n'a pas été réalisé le 21 mais le 22. Pompiers et policiers devaient noter l'emplacement exact de chaque corps. Un premier bilan fait état de 23 morts à AZF. Un second de 21. Mais c'est surtout l'emplacement où auraient été trouvés les cadavres qui pose problème. Selon les procès verbaux en effet, quatre personnes sont retrouvées à proximité du cratère. Si l'on consulte la liste officielle des morts publiée quelques jours plus tard, deux chauffeurs et deux conducteurs d'engin y sont recensés. Ces quatre personnes sont identifiés mais le problème c'est qu'à ces quatre personnes identifiées, les pompiers en rajoutent deux, qui, elles, ne seront jamais identifiées.

La disparition de 21 kilos de Chrome 6.

Début août, un colis contenant 21 kilos de chrome 6, un produit hautement dangereux, disparaît entre le magasin d'achats, où il a été réceptionné, et le laboratoire qui l'avait commandé. Mis en relation avec de l'ammonitrate, ce puissant oxydant peut provoquer une puissante explosion à la moindre mise à feu. L'enquête interne de l'usine, au début de septembre 2001, ne permet pas de retrouver la trace de ces flacons. Après l'explosion, averti par le responsable du service Achats, le SRPJ se contentera de quelques investigations sommaires... Pourtant, à moins d'imaginer un scénario rocambolesque où les flacons de chrome auraient été pris par erreur dans le magasin d'achats de l'usine et déversés négligemment dans le hangar 221, c'est bien l'éventualité d'un acte criminel, volontaire, qui se trouve alors envisagée, toujours selon L'Express.


 Source : L Express (16/01/2003)    Source : La Depeche (17/01/2003)

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