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 Source : Le Monde (23/06/2002)    Source : La Depeche (26/06/2002)
[Articles du 25/06/2002] - [ Periode : 06-2002 (50 articles)] - [ Source : Liberation (36 articles)]

Article paru le 25/06/2002 - Cet article est la propriété du journal ou société : Liberation

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Les SDF, victimes oubliées d'AZF


A Toulouse, par manque de logements HLM, le processus d'insertion est paralysé.

La solidarité pour les uns, des bouts de ficelle pour les autres. L'explosion d'AZF le 21 septembre n'a pas seulement endommagé 27 000 logements à Toulouse et envoyé 800 familles habiter des mobil- homes. Elle condamne aussi les SDF à rester à la rue…

Rien ne va plus. «C'est l'embolie», résume Philippe Arnal à la tête du Copapp, le Comité d'organisation des partenaires agissant pour les publics précaires. «La circulation ne se fait plus, le système est bloqué.» Joseph Labrunie, directeur du centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de Fages, explique ce blocage : «Avant l'explosion en 2001, 17 familles ont pu accéder à un logement HLM et ainsi sortir de la précarité. Depuis janvier 2002, seulement deux sorties vers les HLM ont été possibles.» Et une seule au lieu de onze en 2001 au Gîte de la route de Bayonne…

Incohérences. La raison en est simple : à Toulouse, priorité est faite aux sinistrés du 21 septembre. Avec 16 000 logements sociaux abîmés par l'explosion, le parc public des HLM ne répond plus à la demande des familles décomposées et des individus à réinsérer. Toulouse compte 552 lits en CHRS, 786 sous le régime de l'aide au logement temporaire, 120 pour les secours d'urgence en temps d'hiver. «En temps ordinaire, il y a un flux permanent des populations fragiles allant des secours d'urgence vers les centres de réinsertion jusqu'au logement fixe, reprend Philippe Arnal. L'impossibilité d'accéder aux HLM immobilise tout le système et condamne les précaires à le rester.»

Aux conséquences de l'explosion d'AZF s'ajoutent les incohérences du système actuel. Comme chaque année aux beaux jours, les centres d'hébergement d'urgence ferment en effet leurs portes en attendant l'hiver suivant. Sauf que dans ce contexte de crise du logement, les précaires n'ont à Toulouse aucune solution de repli. Pis, il n'y a même plus assez de crédits publics pour financer des nuits d'hôtel. «Cette affaire d'ouverture l'hiver et de fermeture l'été n'a pas de sens», se désole Joseph Labrunie. Ses collègues égrènent les «très mauvaises raisons» qui empêchent les pouvoirs publics de financer une ouverture permanente de ces centres d'urgence : «Le préfet a peur de créer un appel d'air pour tous les SDF du pays», explique l'un. «Les élus de la mairie font comprendre à l'occasion que si les choses étaient trop bien faites, Toulouse attirerait trop de ces gens...», ajoute un autre.

Devant cet état d'urgence, peu de réponses. On fait la sourde oreille. De tous côtés. Ainsi, le conseil général de Haute- Garonne n'est franchement pas pressé d'aider au financement des centres de secours pendant l'été. La mairie de Toulouse ? Elle déclare en faire déjà beaucoup pour les précaires avec l'Espace du Grand- Ramier (qui ne ferme jamais), qui lui coûte 100 000 euros par an : «Le logement de secours», se défend Christian Aragou, le directeur du service municipal des affaires sociales, «c'est la prérogative de l'Etat.» Or l'Etat lui- même, par son sous-préfet à la ville, se tait : «La situation est devenue intolérable», proteste la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés. Et en s'indignant du fait que des «fonds privés doivent se substituer à l'intervention publique en matière d'action sociale», elle doit puiser dans ses caisses : 305 000 euros iront au maintien cet été des centres de l'Europe et de Fronton. Ainsi, les 31 femmes hébergées dans le premier et les 43 hommes hébergés dans le second ne devront pas les évacuer comme prévu.

Records de précarité. Il n'empêche, Lucie, 23 ans, va en profiter. Elle attend devant la gare des autobus qu'ouvre le centre de l'Europe, de l'autre côté du canal. «Je ne m'en tire pas si mal...», dit-elle. Craignant par-dessus tout de «retourner dans les squats où il faut des fois coucher avec un type pour se protéger des autres idiots». En attendant, Toulouse bat les records de précarité : même les «étrangers demandeurs d'asile» se retrouvent sans asile. Le foyer qui les hébergeait avenue de Muret a disparu dans les odeurs de nitrate le jour où l'usine AZF a explosé.

Gilbert LAVAL


 Source : Le Monde (23/06/2002)    Source : La Depeche (26/06/2002)

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