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 Source : Le Monde (07/06/2002)    Source : La Depeche (08/06/2002)
[Articles du 07/06/2002] - [ Periode : 06-2002 (50 articles)] - [ Source : Liberation (36 articles)]

Article paru le 07/06/2002 - Cet article est la propriété du journal ou société : Liberation

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Total conteste les conclusions de l'enquête AZF


Les juges entament la deuxième étape, sur d'éventuelles infractions à la sécurité.

«Nous ne nous contenterons pas d'hypothèses», explique le représentant de TotalFinaElf à Toulouse, Patrick Timbart. Le groupe pétrolier tient à relativiser le rapport d'experts présenté hier par les juges aux victimes de l'explosion d'AZF le 21 septembre. Les treize pages de ce document publié hier par la Dépêche du Midi semblent établir qu'une erreur de manipulation est à l'origine de la catastrophe qui a ravagé la ville et tué 30 personnes. Mais il est bien intitulé «premières conclusions d'étape». Et ses auteurs le concluent avec toutes les précautions d'usage chez les scientifiques : «A notre stade d'avancement de l'expertise, seule une cause accidentelle peut être privilégiée. De ce point de vue, insistent-ils, la cause que nous pouvons dégager relève de l'accident chimique.» Trou de souris dans lequel saute toute de suite ce porte-parole au siège de Total : «Ce dernier propos tend à reconnaître qu'il peut y avoir d'autres points de vue...» Le «point de vue» du groupe pétrolier est en tout cas le même depuis les lendemains de l'accident. A la porte C de son usine dévastée, Serge Biechlin, le directeur toulousain d'AZF, s'appliquait alors à expliquer que «toutes les normes et mesures de sécurité ont toujours été respectées» (Libération du 25 septembre 2001).

Deux bangs. Cette semaine, Patrick Timbart nous disait encore que Total ne saurait accepter d'être accusé de «négligence» (Libération du 5 juin). «Ce rapport n'évoque pas la première explosion, développe-t-il. Celle qu'ont enregistrée les bandes magnétiques alors en fonctionnement chez des particuliers à Toulouse...» C'est le second trou de souris par lequel Total espère encore échapper à toutes les accusations. Le rapport consacre en fait un long passage à ce phénomène : selon la distance qui les séparait du lieu de l'explosion, les Toulousains ont pu entendre deux fois «bang». Cela peut être le produit d'une explosion unique, expliquent les experts. Ils rejettent l'hypothèse d'une double explosion. Mais ils admettent que, dans un tel cas, l'une de ces explosions n'aurait pas été enregistrée par les séismographes toulousains «à cause de sa trop faible énergie, ou de son faible couplage avec le sol explosion aérienne». L'hypothèse d'un «engin explosif improvisé» ou d'une rocket lancée sur le hangar 221 est prudemment jugée «difficilement réalisable» ou bien «très complexe» à mettre en oeuvre. L'idée d'un attentat, qui a longtemps germé dans l'esprit du délégué CGT d'AZF Jacques Mignard, peut encore trouver des petits bouts de branche auxquels se raccrocher. Ainsi, la commission d'enquête interne du pôle chimique de Total «travaille très sérieusement à d'autres pistes», poursuit Patrick Timbart. Selon cette commission, il pourrait y avoir eu contamination des nitrates d'ammonium par d'autres produits chimiques que ceux indiqués dans le rapport. Ou encore «la projection d'une masse métallique sur le stockage» du fait de l'explosion de l'unité de fabrication. Et, enfin, une explosion des stocks d'ammonitrates «consécutive à des anomalies sur le réseau électrique». Hypothèses toutes invalidées par le rapport.

Sous-traitants. En tout cas, le groupe juge «infondée» celle du mélange de produits chlorés et de nitrate «nous avons les preuves : la trace écrite de tous les mouvements de produits», nous précise Patrick Timbart. Il faut dire que, dans le cas où un tel explosif aurait été malencontreusement concocté, la responsabilité de l'industriel ne pourrait plus faire de doute. Il lui revient en effet de veiller à la bonne marche de ses productions. Le dossier devient brûlant avec l'ouverture d'une seconde information judiciaire concernant d'éventuelles infractions au code du travail à AZF. La fédération CFDT de la chimie évoque par exemple l'emploi sur le site de travailleurs non couverts par la convention collective de la chimie. Le détail a son importance : il semble que le travail de manutention était confié à des entreprises sous-traitantes, elles-mêmes faisant travailler des intérimaires…

Ce n'est donc pas dans les meilleures conditions pour l'industriel que s'ouvre la deuxième phase de l'enquête. Celle où, après les «constatations», les auditions, les gardes à vue et mises en examen pourraient tomber sur la tête des responsables du site.

Gilbert LAVAL


 Source : Le Monde (07/06/2002)    Source : La Depeche (08/06/2002)

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