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 Source : Le Monde (05/02/2002)    Source : La Depeche (06/02/2002)
[Articles du 05/02/2002] - [ Periode : 02-2002 (45 articles)] - [ Source : Liberation (36 articles)]

Article paru le 05/02/2002 - Cet article est la propriété du journal ou société : Liberation

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La phobie du danger


Chaque catastrophe particulière contient une leçon universelle et la rapidité avec laquelle celle-ci est mise en pratique ne cesse de croître. A la vache folle répond l'agence de sécurité alimentaire, au naufrage de l'Erika un durcissement de la législation européenne sur le trafic maritime, à l'explosion d'AZF Toulouse un projet de surveillance de toutes les usines classées Seveso. Le risque, dont on tend à rechercher les responsables même s'il s'agit de catastrophes dites naturelles, est perçu comme une chose scandaleuse, indue, par-delà même les dégâts qu'il implique. La «société du risque» est simultanément une société de l'aversion pour le danger.

Certains semblent souhaiter le déménagement des usines dangereuses «à la campagne». Mais cette solution, à la fois impratique et sournoise (pourquoi gâcher ce qui a réussi à échapper au laminage urbain?) n'est pas sans rappeler le souhait de tel grand patron de diriger une «entreprise sans usine». Cette tentation d'un monde transparent et sécurisé par l'éloignement des risques, humains ou techniques, trouve déjà un début d'application: quand des pays «en voie de développement» récupèrent les profits trop faibles et les dangers trop grands dont ne veulent plus les pays riches. Le choix opposé de lutter contre les risques techniques dès leur source est autrement raisonnable que leur déménagement. En proposant de s'inspirer des procédures en place dans l'industrie nucléaire, les rapporteurs procèdent aussi à un changement de registre, du technique au social. La sûreté publique d'une usine est indexée sur celle de ses employés. Les meilleures procédures pratiques de prévention ne valent que si elles sont prises en charge par l'ensemble des parties et si le personnel, déjà sommé d'être un bon exécutant, peut à son tour devenir prescripteur. Cela demandera de secouer nombre de (mauvaises) habitudes, la vie d'usine n'étant pas le terreau spontané d'innovations démocratiques.

Après avoir fait la grimace, les entrepreneurs se feront une raison. Leur image et celle de leur société forment un actif immatériel trop précieux pour qu'ils se risquent à le compromettre durablement. C'est le bon côté du risque.

Par Gérard DUPUY


 Source : Le Monde (05/02/2002)    Source : La Depeche (06/02/2002)

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