Pressé à l'avant du bus par Henri Farreny et Pierre Labeyrie de s'expliquer sur les différences entre les chiffres de son exposé liminaire et ceux annoncés quelques jours plus tôt devant le SPPPI, Roger Meyniel s'excuse : " ma réponse n'était pas validée ". " Il était sympa et avenant. Le genre de type avec qui on deviendrait vite copain si on le rencontrait au bistrot. Un peu dilettante... mais très approximatif " note Alain Marcon, le maçon. " Moi, je le compare à Roland Magdane " ajoute Henry Farreny. " Sa bonhomie confine parfois à l'ironie et au "je-m'enfoutisme" fulmine Pierre Labeyrie, persuadé que le directeur " ne voulait pas donner les vrais chiffres ". " C'était pourtant facile, il lui suffisait d'aller son bureau ".
Le bus s'arrête une première fois devant la canalisation qui traverse la Garonne pour transporter le phosgène jusqu'à Tolochimie. Il y a en fait cinq gros tuyaux sur une espèce de pont-aqueduc. Impossible de distinguer la fameuse canalisation des autres. La plus grosse contient de la vapeur. D'autres véhiculent de l'hydrogène et du gaz naturel. La direction de la SNPE explique que le pipe-line de phosgène a une longueur de 1913 mètres, avec des vannes automatiques à chaque extrémité. Le gaz mortel est mélangé à du monochlorobenzène liquide dans un tuyau de 6 cm de diamètre, inclus dans une deuxième canalisation où l'air est analysé en permanence pour localiser d'éventuelles fuites. Dominique Gilbon s'inquiète pour sa part de l'état de la cheminée grise de la chaufferie, où les feux de signalisation pour les avions n'ont toujours pas été réparés. " J'ai demandé si on pouvait envoyer quelqu'un là-haut, on m'a répondu qu'ils n'étaient pas sûrs de la solidité de l'édifice. Ceux qui étaient déjà montés pour y placer un paratonnerre après l'explosion n'étaient pas fiers, ils ont raconté que ça bougeait beaucoup. Le directeur a finit par dire qu'il avait signalé le problème à la direction de l'aviation civile, sans sembler inquiet outre-mesure ". Disposer d'une chaufferie en état de marche est pourtant capital pour détruire le phosgène, car cette opération nécessite l'emploi de vapeur. Privée de la vapeur produite par la SNPE, Tolochimie a dû se résoudre à faire venir une chaudière mobile. A la SNPE, le mauvais état de la chaufferie a servi d'argument pour renoncer à détruire ses stocks de phosgène.
Le bus repart ensuite vers l'extrémité sud de l'île, pour montrer que la station de pompage et l'unité de fabrication du carburant de la fusée Ariane étaient restées en ordre de marche. En spécialiste du bâtiment, Alain Marcon est admiratif face à la technique " fast act " employée pour expertiser les milliers de soudure d'une tour qui contient des kilomètres de tuyaux : " il y avait un expert et des dizaines d'ouvriers pour tout vérifier. C'est à la fois plus long et plus efficace " explique-t-il. " Vu le nombre de soudures à vérifier tant en ce qui concerne la structure que les équipements, chapeau ! " note-t-il dans son compte-rendu. Pour le retour, le bus va plus vite. " On a même pris un sens interdit "
Au sommet de la cheminée, les feux pour les avions non réparés
Stéphane Thépot
(Pour rappel, la diffusion d'articles est soumise à
des règles strictes. Je vous invite à consulter celles-ci en cliquant
directement sur le logo en en-tete de page pour accéder au jounal propriétaire
de cet article. En ce qui concerne le site sur lequel vous vous trouvez http://www.lesnews.org,
les demandes ont été faites ou sont en cours. Pour plus d'informations,
sur le drame de Toulouse, je vous invite également à consulter
les articles disponibles ou dossiers sur les sites multimédias de ces
journaux, accessibles également en cliquant via le logo du journal assoccié
en en-tête)
