Les témoignages s'accumulent sur les déplorables conditions de stockage du nitrate dans le hangar 221 d'AZF qui a explosé vendredi 21 septembre. Mais ces " négligences ", selon les termes du procureur de la République, expliquent-elles l'explosion ?
Autrement dit, les pollutions diverses, l'humidité, les mélanges de détritus et de matières organiques, les traces d'hydrocarbure... l'ensemble de ces ingrédients qui se seraient mélés aux 300 tonnes de nitrate ont-ils provoqué un processus physico-chimique qui a " déstabilisé " l'ammonitrate pour le rendre explosif ? Toute la question est là.
La réponse est-elle dans le rapport d'étape déposé au dossier des juges d'instruction par les deux experts nommés par la justice ? On n'en saura rien car celui-ci n'a pas été rendu public, ce qui ne contribue pas à éclairer l'opinion, en proie, devant ce silence prolongé, à imaginer toutes les hypothèses. Les enquêteurs pour leur part semblent sûrs de leur fait. " C'est un accident à 100% " nous déclaraient-ils déjà la semaine dernière, après avoir épuisé toutes les pistes autres qu'accidentelles. Aucun des multiples témoignages recueillis et vérifiés ne permet d'envisager une piste criminelle, ni celle d'un acte individuel, ni encore moins celle d'un attentat. Les policiers s'affairent toujours sur le site pour découvrir le " mécanisme initiateur " qui expliquerait la mise en branle d'une " chaîne chimique ".
Nombre de chimistes restent cependant sceptiques et estiment que, même dans ces conditions, il faut une origine externe (explosion ou incendie) pour déclancher la déflagration. De son côté, le groupe TotalFina Elf a mis sur pied sa propre commission d'enquête, composée de spécialistes internes et d'experts indépendants, et maintient qu'il n'y a " aucune explication plausible interne à l'usine ".
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