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 Source : Le Figaro (04/10/2001)    Source : La Depeche (04/10/2001)
[Articles du 04/10/2001] - [ Periode : 10-2001 (334 articles)] - [ Source : Le Figaro (22 articles)]

Article paru le 04/10/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Le Figaro

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Toulouse : l'hypothèse terroriste relancée


La découverte d'un homme, vêtu de plusieurs épaisseurs de sous-vêtements, dans les décombres de l'usine AZF, relance l'enquête. Selon certains spécialistes, ce détail rappelle la tenue de sacrifice des kamikazes islamistes. Toutefois, Hassan Jandoubi ne serait pas fiché par Interpol, la DST ou les RG.

L'enquête judiciaire sur la catastrophe de l'usine AZF de Toulouse est-elle à un tournant? Depuis plusieurs jours, les policiers s'intéressent de près à l'une des 29 victimes de l'attentat: un jeune intérimaire français d'origine tunisienne retrouvé mort près du lieu de l'explosion, curieusement vêtu de plusieurs épaisseurs de sous-vêtements.

Dès lundi, Le Figaro, qui s'interroge sur les causes du drame depuis le début, avait révélé ce détail troublant. Selon certains spécialistes, il rappelle la tenue de sacrifice des kamikazes islamistes. Un fait qui milite en faveur de la thèse de l'attentat terroriste, «formellement» et rapidement écartée par le procureur de Toulouse, Michel Bréard. Ce dernier estimait que la catastrophe avait «99% de chances» d'être d'origine accidentelle.

Né à Toulouse, Hassan Jandoubi, 35 ans, avait été engagé comme manutentionnaire par TMG, une société sous-traitante, qui réalise pour le compte d'AZF le conditionnement et le chargement sur des camions du nitrate d'ammonium fabriqué sur le site. Embauché lundi 17 septembre, soit cinq jours seulement avant le drame, il était affecté avec deux autres intérimaires, eux aussi français d'origine maghrébine, au hangar 10, lequel jouxte le fameux hangar 221 où de 200 à 300 tonnes de nitrate d'ammonium ont explosé le vendredi 21 septembre à 10h17.

D'après une dépêche du correspondant de l'agence Reuters à Toulouse, diffusée hier soir, Hassan Jandoubi n'était pas fiché par Interpol, ni par la DST, ni par les RG, qui possèdent dans leurs fichiers «seulement une dizaine de personnes suspectées de prosélytisme musulman». En revanche, il était soupçonné d'avoir participé pendant plusieurs années à un trafic de voitures de luxe entre l'Allemagne et le sud de la France. Plusieurs camionneurs ont d'ailleurs témoigné devant le SRPJ avoir vu Hassan Jandoubi et ses deux camarades d'équipe en possession d'une 405 break grise qui, pour ne pas être une voiture de luxe, n'en était pas moins immatriculée outre-Rhin. De source policière, cette voiture aurait d'ailleurs été retrouvée sur le site depuis la catastrophe.

Tous trois avaient eu plusieurs altercations la veille du drame avec l'un de ces chauffeurs qui avait mis le drapeau américain en berne dans l'habitacle de son camion par solidarité avec les victimes des attentats du 11 septembre. Selon le magazine Valeurs actuelles à paraître demain, Hassan Jandoubi aurait été en outre «repéré depuis plusieurs mois» par les services de police pour ses «sympathies islamistes». Il aurait été «initié au fondamentalisme islamique par un imam» des faubourgs de Toulouse.

D'autre part, selon des sources proches de l'enquête citées par Reuters, l'un des amis de Hassan Jandoubi est connu pour son rôle au sein de la communauté musulmane à Toulouse, où il anime des groupes de prière dans le quartier du Mirail, non loin de l'usine AZF. Hassan Jandoubi a longtemps vécu dans le quartier de Farrouette, tout proche, avant de déménager, il y a quatre mois, dans un appartement plus grand, au premier étage d'une résidence du quartier des Minimes. Il vivait avec une jeune femme qui a été interrogée à trois reprises par les enquêteurs et qui a expliqué qu'il portait régulièrement «plusieurs sous-vêtements parce qu'il était complexé par ses petites fesses». Le beau-frère de Hassan, français de souche qui a épousé l'une de ses sœurs, nous a également expliqué qu'il était «très maigre» et qu'«il faisait souvent du jogging avec un pantalon et un jogging».

Lors d'une perquisition effectuée vendredi dernier dans l'appartement des Minimes, les enquêteurs n'ont retrouvé aucun objet (vêtements, photos...) appartenant à Hassan. Son amie aurait affirmé aux policiers qu'elle avait «tout jeté pour essayer de l'oublier au plus vite». Le port de «deux pantalons superposés et de quatre sous-vêtements, deux slips et deux caleçons», est attesté par le médecin légiste cité par Reuters. Ayant effectué plusieurs missions pour Médecins du monde, notamment dans des pays musulmans, il a précisé que cette tenue lui rappelait la «mythologie des soldats kamikazes». Récemment, d'ailleurs, un terroriste palestinien qui a survécu à un attentat a été lui aussi retrouvé dans une tenue comparable.

Reste pour la police à identifier les deux autres manutentionnaires intérimaires qui faisaient équipe avec Hassan Jandoubi, dans la semaine qui a précédé l'accident, et à élucider leur lien éventuel avec la catastrophe. Nous sommes en mesure d'affirmer que l'un d'entre eux, Abderasak Tahri, est mort lui aussi dans la catastrophe. Cependant, contrairement à ce qui a été dit en fin de semaine dernière, il n'était pas âgé de 56 ans et n'était pas non plus chauffeur routier. Agé d'une vingtaine d'années, il vivait dans le quartier de Bellefontaine, au Mirail.

Nous avons demandé, hier matin, aux services du procureur de Toulouse de nous communiquer la liste officielle des victimes, mais notre demande est restée sans réponse. Quant au troisième, il aurait été, d'après nos sources, gravement blessé. Il serait encore hospitalisé. Au moment de l'explosion, ces trois intérimaires étaient dans le hangar 10, situé à une trentaine de mètres du hangar 221.

D'où les questions qui se posent aujourd'hui: pourquoi Hassan Jandoubi portait-il une tenue de kamikaze alors que son éventuel sacrifice ne semblait pas indispensable à la réussite de l'opération? Pourquoi ces trois hommes sont-ils restés si près du lieu de l'explosion au lieu de s'enfuir vers un lieu abrité? S'agit-il d'un acte de malveillance dont ils n'avaient pas mesuré toutes les conséquences? Bien des mystères restent encore à éclaircir.

Marc Mennessier


 Source : Le Figaro (04/10/2001)    Source : La Depeche (04/10/2001)

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