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 Source : La Depeche (24/09/2001)    Source : Sud Ouest (25/09/2001)
[Articles du 25/09/2001] - [ Periode : 09-2001 (154 articles)] - [ Source : Sud Ouest (11 articles)]

Article paru le 25/09/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Sud Ouest

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Les "négligences" qui scandalisent


Photo © Sud Ouest Après avoir appris que les négligences présumées des dirigeants du site de Grande Paroisse seraient à l'origine de l'explosion, 3000 personnesont crié leur révolte hier.

Tout semble se passer à Toulouse comme si les Toulousains attendaient de connaître les causes de l'explosion avant d'exprimer leurs sentiments. Après que le procureur de la République eut fait savoir, lundi soir, que l'origine du drame qui, vendredi, a dévasté le sud de la ville, « apparaissait désormais accidentelle, à 99 % », c'est le soulagement de n'avoir pas eu affaire à un attentat qui l'a emporté. Mais, quand le même procureur a ajouté qu'un certain nombre de « négligences » matérielles semblent être à l'origine de l'accident, c'est la colère qui a pris le pas.

« LA FIN DES BOMBES EN VILLE »

Hier, une manifestation a eu lieu pour aller de la mairie à la préfecture revendiquer « la fin des bombes aux portes des villes ». Cette mobilisation massive est d'autant plus impressionnante que le rassemblement a été organisé de façon quasi confidentielle. Un appel de quelques lignes en bas des colonnes du journal local aura suffi pour activer un bouche-à-oreille qui, au vu de la mobilisation, montre que les Toulousains se parlent et sont prêts à en découdre puisque plus de 3 000 personnes ont pris part au cortège. Les manifestants entendent maintenant exiger le départ sine die de la SNPE, la Société nationale des poudres et explosifs. Cette unité pétrochimique fabrique le carburant d'Ariane avec des produits aussi sympathiques que du phosgène (le gaz moutarde) en quantité suffisante pour empoisonner jusqu'à trente kilomètres à la ronde. Si cette entreprise explose un jour, le drame de vendredi dernier sera ravalé au rang de pétard mouillé.

POINTEE DU DOIGT DE LONGUE DATE

L'irritation est d'autant plus vive que l'usine Grande Paroisse, à l'origine du drame, était de très longue date pointée du doigt par l'ensemble des Toulousains. Son aspect extérieur, peu engageant, suffisait à susciter une crainte. La réalité a confirmé les appréhensions malgré les discours rassurants du propriétaire du site, le groupe TotalFinaElf.

Les arguments sur lesquels le procureur a appuyé sa déclaration viennent en droite ligne des premières constatations effectuées par les enquêteurs de la police scientifique, assistés par deux experts en pyrotechnie. Leur appréciation n'a donc pas tardé à résumer ce que tout Toulousain redoutait : les conditions de stockage de produits susceptibles d'entrer en fusion paraissent aléatoires. Ce sont des nitrates ammoniés qui sont incriminés. Ces produits sont stables, en principe. Encore faut-il qu'ils soient absolument purs et tenus à l'abri de l'humidité et des hydrocarbures. Or, cet entrepôt servait à stocker des ammonitrates non conformes, des rebuts en attente d'être réindustrialisés.

MUTATION ET TEMPERATURE

Le local semblait mal protégé des infiltrations venues du sol. Certes, il y avait une chape mais, a souligné le procureur, « elle avait plus de 80 ans ». Les gouttières aussi auraient existé. Par ailleurs, ces matières imparfaites étaient manipulées avec un bulldozer fonctionnant au gazole. De l'avis d'un spécialiste, « même si l'engin n'avait pas de fuite, la seule retombée des gaz d'échappement suffit à faire bouger la molécule ».

Ce même spécialiste indique que « la formule des nitrates ammoniés est NH4-N03 et ils explosent à 200 degrés. Si le produit est mal formé et soumis à l'humidité, il peut muter et perdre un atome. Il devient NH4-N02 et le point de fusion tombe à 60 degrés ». Bien sûr, ce genre de détail relève de la bagarre d'experts. Aussi, plus sobrement, le procureur de la République a-t-il parlé de « processus physico-chimiques logiques et parfaitement explicables ».

Sa réflexion a été nourrie par les relevés effectués entre autres par Daniel Van Schendel, un expert connu au niveau international, consulté sur la plupart des attentats et des grands incendies, comme Barbotan. Hier la police judiciaire a fait savoir que « les constatations sur le site sont en phase finale ». Les enquêteurs s'apprêtent à entendre, un à un, les 450 salariés du site ainsi que l'ensemble des sous-traitants.

PHILIPPE MOTTA


 Source : La Depeche (24/09/2001)    Source : Sud Ouest (25/09/2001)

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