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 Source : Tout Toulouse (22/09/2001)    Source : Tout Toulouse (22/09/2001)
[Articles du 22/09/2001] - [ Periode : 09-2001 (154 articles)] - [ Source : Tout Toulouse (78 articles)]

Article paru le 22/09/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Tout Toulouse

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Récit : les deux heures qui ont bouleversé la ville (10 heures 45 : le nuage balladeur)


Photo © Tout Toulouse 10 heures 45 : le nuage balladeur

La grande menace vient du sud ouest. Du Pont Neuf on peut voir la tour d’AZF encore debout et un nuage menaçant qui se dirige vers Le Mirail. Des badauds affirment "c’est un attentat". Un jeune qui s’efforce de regarder vers AZF à partir de la lunette géante installée sur le pont rétorque agacé "on n’en sait rien. Il faut se taire quand on ne sait pas". Dans le centre ville, les masques sont sortis. Rapidement. De très nombreux toulousains en portent. A croire qu’ils les avaient déjà en réserve. Ceux qui en sont dépourvus circulent mouchoir sur le nez et la bouche, voire tee-shirt remonté sur le visage. Toulousain de fraîche date, d’origine anglaise, casque sur la tête, masque sur le visage, lunettes sur le nez, il démarre son scooter. « Je quitte Toulouse pour quelques jours. La pollution arrive ».

Tous les autobus de la Semvat regagnent leur point de départ, sauf le 39 et le 69. Le dépôt de Lalande, juste en face de l’usine, est touché de plein fouet. Les portables ne passent plus que rarement, comme celui de cette dame qui reçoit un appel de sa fille : du côté du Mirail, Isabelle ne peut plus rejoindre son appartement dévasté. Elle pleure. « Je vais tenter de prendre un taxi et venir te chercher », promet la mère. Au centre ville, les employés municipaux et les commerçants commencent à déblayer les vitrines soufflées par l’explosion. Les policiers municipaux conseillent de boucler les boutiques. La circulation s’emballe, puis s’enlise.

Agitation boulevard de Strasbourg, mais le marché Cristal se poursuit. Au snack le Resto City, les personnes écoutent à la radio les premières nouvelles. Les élèves du lycée Ozenne sont tous dehors, certaines jeunes filles sont en pleurs. Les commerçants, les employés de bureau sont dehors. Dans tous les yeux, l’inquiétude.

Alerte rouge

Le plan rouge est déclenché par la préfecture. Il mobilise tous les secours d’urgence. Protégez-vous ! Rentrez chez vous ! Le mot d’ordre de confinement est lancé à la radio par le préfet Fournier qui demande aussi de ne pas boire d’eau. La consigne est suivie. De très nombreux services ne répondent plus au téléphone. C’est le silence général. Rue de Metz, place Esquirol, dans le centre ville, on distribue des masques en papier. Au Fer à cheval, des enfants de l’école Léo Lagrange portent tous des masques et attendent sagement de traverser, dans les bouchons qui se sont formés jusque sur le pont Saint-Michel. Les enseignants ont décidé spontanément de les évacuer, sans attendre de consignes téléphoniques. Sur l’île du Ramier, des jeunes se sont rassemblés devant la piscine pour écouter France Info sur l’autoradio d’une voiture stationnée, portes ouvertes.

Sur le pont Garigliano, des pompiers aidés de parachutistes en treillis et béret rouge, commencent à placer des barrières pour interdire la circulation. Une voiture de la police municipale diffuse un message par haut-parleur : « Rentrez chez vous, fermez portes et fenêtre et coupez la ventilation ». La petite Saxo tricolore tourne dans le quartier d’Empalot pour propager la consigne. Les habitants la regardent, encore un peu hébétés. Les façades des HLM sont pour la plupart soufflées, privées de portes, de fenêtres ou de volets. Au rond-point central de la cité, à proximité du centre commercial, la voiture se fait apostropher par un petit groupe de femmes, angoissées. « Ils ont des masques à gaz mais ils ne nous en donnent pas, parce qu’on est des Arabes » crie une femme, à bout de nerfs.

Les gens nettoient les bris de verre place de la Trinité, rue de Metz. « C’est AZF. Non c’est la SNPE ». « C’est pas possible il y aurait des sirènes d’urgence » « Oui mais c’est sûrement cassé, elles marchent pas ». Les portables non plus. Beaucoup de monde dans la rue, arrêtés aux carrefours, sur les places. André ne sait pas s’il doit aller chercher son fils à la crèche, s’il n’est pas mieux là-bas. Pas vraiment de sentiment de panique mais beaucoup d’interrogations. « C’est une bombe à Carrefour ». « Moi on m’a dit que c’était à Saint-Georges ». Rue Viguerie, plus calme, un ouvrier demande s’il faut évacuer la ville, s’il y a un nuage toxique.

Les yeux piquent, la gorge aussi. Un quart d’heure plus tard les rues de Saint-Cyprien sont embouteillées, mais il y a toujours du monde dans la rue et même à la terrasse des bistrots. Le boulanger continue à vendre son pain, sa vitrine est détruite, la radio à fond dans le magasin. Chez Mireille et Christian, route de Seysses aussi, le toit s’est effondré. « C’est vraiment impressionnant. Mais il paraît que route d’Espagne c’est pire ». A Bagatelle, Karima est dans son appartement, toutes vitres cassées. « Il y a une espèce de suie noire partout, je ne sais pas ce que c’est. C’est horrible ».


 Source : Tout Toulouse (22/09/2001)    Source : Tout Toulouse (22/09/2001)

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